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CRITIQUES DE CONCERTS |
09 décembre 2024 |
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Concert de l'Orchestre Philharmonique de Radio France sous la direction d'Evgeni Svetlanov avec le violoniste Vadim Repin.
Le violon possédé de Vadim Repin
On a beau être blindé par la surenchère de virtuoses, certaines prestations continuent à susciter la plus grande incrédulité. Ainsi Vadim Repin - dont la technique tient à peu près du miracle – ne s'est pas contenté d'aligner prestissimo des rafales de notes pour son concert parisien du 27 avril dernier.
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Avec en ouverture le Poème pour violon et orchestre, la partie n'était pas gagnée d'avance. Composé par Evgeni Svetlanov soi-même, cette oeuvre constitue un piège redoutable pour le soliste comme pour l'orchestre. Vaste crescendo orchestral, tapis de cordes, soliste triomphant et univers fortement mélodique ; tous les clichés du répertoire héroïco-romantique façon XIXe siècle sont réunis.
À chaque page, l'anachronisme aurait pu devenir exaspérant si les interprètes en présence n'avaient fait preuve d'incroyables dons d'illusionnistes. À la baguette d'abord, à force de jouer sur les contrastes, le compositeur réussit à installer un climat d'une densité rare (qu'il conservera d'ailleurs dans le Concerto pour violon de Miaskovski comme dans L'Oiseau de feu de Stravinsky). Et, même si ce genre de luxe orchestral ne suffit pas à faire d'une oeuvre modeste un monument impérissable, Svetlanov réussit ce soir-là à démolir le mur des a priori.
Aux prises de son côté avec quelques problèmes mécaniques (une corde brisée aux premières minutes du même Poème), Vadim Repin ne se départit pas un instant d'une tranquilité olympienne. Impossible de ne pas remarquer sa sonorité absolument unique, incroyablement tendu, d'une justesse proprement ahurissante - même dans les extrêmes aigus, le son semble surgir de nulle part et posséder une vie propre. Sans parler de sa ligne de chant qui se refuse au moindre effet, comme s'il s'agissait de trouver, dans un état quasi méditatif, une vérité cachée, inaccessible, infiniment personnelle
Mais on a parlé de technique : on pourrait rappeler qu'il se permet des notes tenues sans le moindre vibrato, et lorsque celles-ci surgissent, elles portent par contraste une puissance expressive prodigieuse. On pourrait aussi revenir sur les cadences de Miaskovski, presque improvisées malgré leurs évidentes difficultés. Bref, il y a clairement un phénomène Vadim Repin, et on ne sait pas qui de lui, ou de son violon est possédé. Reste une certitude, l'auditeur lui ne l'est pas.
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| Le 27/04/2001 Mathias HEIZMANN |
| Concert de l'Orchestre Philharmonique de Radio France sous la direction d'Evgeni Svetlanov avec le violoniste Vadim Repin. | Evgeni Svetlanov : Poème pour violon et orchestre
Nikolaï Miaskovski : concerto pour violon
Igor Stravinsky : L'oiseau de feu
Orchestre Philharmonique de Radio France
direction : Evgeni Svetlanov
Vadim Repin : Violon | |
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