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CRITIQUES DE CONCERTS |
07 octobre 2024 |
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Concert de l'Orchestre de Paris dirigé par Christoph von Dohnany avec la contralto Nathalie Stutzmann.
Dohnany dirige
en basse lumière
Après plusieurs rendez-vous manqués, les Parisiens ont pu enfin entendre Christoph von Dohnany à la tête de l'Orchestre de Paris. Au programme, les Kindertotenlieder de Mahler, avec Nathalie Stutzmann, ainsi que des oeuvres de Lutoslawski et Brahms. Des pages aux dominantes sombres auxquelles le chef a su donner un éclairage en basse lumière.
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Les partitions de Musique Funèbre de Lutoslawski et des Kindertotenlieder de Mahler sont aussi sombres et tragiques l'une que l'autre, à l'inverse de la robuste Première Symphonie de Brahms qui achevait ce concert. Sur ces trois oeuvres, le chef allemand Christoph von Dohnany semble posé un regard de compositeur tant sa lecture s'est révélée analytique.
C'est avec une rigueur implacable, des attaques incisives, des pupitres tranchés et un éclairage vif-argent que Dohnany s'est attaqué à la composition du Polonais, lequel rendait d'ailleurs un bel hommage à Bartok avec le même mélange de sévérité et de luxuriance, de phrases chantournées et de verve rythmique.
En revanche, ce relief se fait beaucoup plus discret dans les Kindertotenlieder, abordés dans un esprit de musique de chambre. La palette de nuances est plus resserrée, dans une gamme riche en demi-teintes, la texture symphonique est plus feutrée et la voix fondue dans l'orchestre. La contralto Nathalie Stutzmann retient sa puissance, mais jamais au détriment du timbre qui associe transparence et rondeur, même si la voix manque parfois de justesse dans les crescendo. Néanmoins, on ne peut qu'être séduit par le ton de résignation comme de supplication qu'elle met dans ces vers de Rückert.
Quant à la Première Symphonie de Brahms, massive et tendue, d'une densité d'écriture peu ordinaire, Dohnany tente d'alléger ce monument quasi beethovénien par une lecture privilégiant l'articulation et l'ossature. Les cordes sont déliées, les contours mélodiques ourlés, les timbres différenciés. Avec davantage de contrastes dynamiques, Dohanny aurait sans doute augmenté le relief, mais au détriment de l'homogénéité orchestrale. Or celle-ci était manifestement le garant de ce climat si sombre qui collait parfaitement à l'atmosphère chargée de l'oeuvre. Dans le dernier mouvement, l'Orchestre s'allégea pour triompher dans une tonalité majeure rutilante éblouie de cuivres. Ouf, la lumière était enfin revenue
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Salle Pleyel, Paris Le 25/04/2001 Pauline GARAUDE |
| Concert de l'Orchestre de Paris dirigé par Christoph von Dohnany avec la contralto Nathalie Stutzmann. | Lutoslawski : Musique Funèbre “In memoriam Béla Bartok”
Mahler : Kindertotenlieder
Brahms : Symphonie °1
Orchestre de Paris
Christoph von Dohnany, direction
Nathalie Stutzmann, contralto | |
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