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CRITIQUES DE CONCERTS |
11 octobre 2024 |
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Cycle Mahler et la voix au Théâtre des Champs-Élysées avec Ivan Fischer et l'Orchestre du Festival de Budapest.
Mahler en terre aride
Ivan Fischer et l'Orchestre du Festival de Budapest étaient à l'affiche du Théâtre des Champs-Élysées le temps d'un petit cycle consacré à la voix dans l'oeuvre de Gustav Mahler. Mercredi 16 mai dernier, la mezzo-soprano Petra Lang donnait la réplique au ténor Jorma Silvasti. Débat en perspective.
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Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'Ivan Fischer tient ses positions. Face aux déferlantes orchestrales des grandes phalanges (Vienne, Berlin, Amsterdam
), il veut un Mahler dégrossi, réduit à une simple structure, un espace orchestral transparent dépourvu d'effets de masse.
Abstraire tout pathos de l'oeuvre de Mahler n'est évidement pas un mal en soit, même si l'on ne peut s'empêcher de songer que l'époque est à la froideur et que la manie de l'analyse ne suffit pas toujours à donner aux textes une véritable dimension dramatique.
Ainsi ce Blumine taillé au scalpel laisse pour le moins perplexe. D'abord parce que l'orchestre manque considérablement de couleurs, ensuite parce que la clarté ainsi obtenue crée de curieuses distorsions que l'on ose attribuer à des problèmes de justesse.
Mais au-delà des questions esthétiques, la cohérence de l'ensemble pose problème. En effet, Petra Lang s'empare des Chants d'un compagnon errant en jouant sur la puissance et les effets, alors que l'orchestre reste presque systématiquement en retrait. Quelles que soient les subtilités qu'Ivan Fischer tire de son orchestre, le manque de substance devient critique face à cette voix triomphante qui aurait gagné à faire plus de nuances.
Dans Le chant de la terre, les choses ont tendance à s'améliorer. Jorma Silvasti a une voix très souple et un sens du discours qui donne aux textes de Hans Bethges un relief particulier. Petra Lang, cette fois, se montre plus subtile et les problèmes de justesses qu'elle connaissait jusque-là tendent à disparaître.
Au fil des pages, elle trouve elle aussi une dimension intérieure assez juste et sa lecture de l'adieu mérite tous les éloges. Mais du côté de l'orchestre, les positions esthétiques ne varient guère : on reste attaché à un son dénudé qui frise la désincarnation et l'on se refuse la plus infime sensualité. Dans ces conditions, difficile d'apprécier le voyage en ces terres arides.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 18/05/2001 Mathias HEIZMANN |
| Cycle Mahler et la voix au Théâtre des Champs-Élysées avec Ivan Fischer et l'Orchestre du Festival de Budapest. | Gustav Mahler : Blumine. Chants d'un compagnon errant. Le chant de la terre.
Orchestre du Festival de Budapest
Direction : Ivan Fischer `
Jorma Silvasti, ténor
Petra Lang, mezzo-soprano
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