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CRITIQUES DE CONCERTS |
05 octobre 2024 |
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Rückert Lieder de Gustav Mahler par l'Orchestre Philharmonique de Radio France dirigé par Günther Herbig avec la mezzo Birgit Remmert.
La germanité dans les gènes
Tant pis pour tous ceux qui avaient délaissé ce concert du Philharmonique de Radio France pour aller au Châtelet écouter Julia Varady. La grande dame n'a pas chanté alors que la mezzo Birgit Remmert s'est imposée avec éclat dans les Rückert Lieder de Mahler sous la baguette du chef Günther Herbig.
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De stature imposante, Birgit Remmert est une cantatrice de stature internationale depuis sept ou huit ans. Déjà invitée plusieurs fois à Bayreuth, elle fait à l'évidence partie de ces artistes nés avec la musique allemande dans les gènes.
C'est une voix parfaitement en place, qui porte sans effort sur toute la tessiture, avec un timbre naturellement charnu qui évite tout effet désagréable sur le fameux passage de registre si périlleux pour bien des mezzos. Aucune note de poitrine excessive, mais une homogénéité qui laisse l'expression musicale couler à flot.
Le texte est suivi fidèlement, avec la nécessaire alternance de moments plus sensibles et de moments plus intellectuellement intériorisés, comme dans le premier Lied Liebst du um Schönheit et le dernier Ich bin der Welt abhanden gekommen. De très beaux moments.
Au pupitre du Philharmonique de Radio France qui a été bien formé à ce type de répertoire pendant l'ère Janowski, Günther Herbig apporte lui aussi un climat typiquement germanique à la huitième symphonie de Chostakovitch.
Ecrite en 1943, cette symphonie est une vaste page dramatique, qui valut d'ailleurs au compositeur les reproches de la censure, laquelle y voyait une couleur contre-révolutionnaire dans la mesure où elle ne célébrait pas joyeusement les victoires soviétiques.
C'est ce côté drame métaphysique que Herbig met particulièrement en valeur, estompant tout ce qui est parfois un peu trop clinquant dans l'écriture de Chostakovitch, en valorisant notamment les cordes et les bois face aux cuivres et aux percussions.
C'est certainement une manière assez occidentalisée de concevoir cette musique, mais quelque soixante ans après sa création, une telle distance est parfaitement acceptable ; même si elle tranche avec la tradition héritée des grands chefs russes et donne l'impression que Chostakovitch était né Germain.
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Salle Pleyel, Paris Le 18/05/2001 Gérard MANNONI |
| Rückert Lieder de Gustav Mahler par l'Orchestre Philharmonique de Radio France dirigé par Günther Herbig avec la mezzo Birgit Remmert. | Gustav Mahler : Rückert Lieder
Dmitri Chostakovitch : huitième symphonie
Orchestre Philharmonique de Radio France
Günther Herbig, direction
Birgit Remmert, mezzo soprano | |
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