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CRITIQUES DE CONCERTS 11 décembre 2024

Concert de création contemporaine par l'Orchestre National de France dirigé par Luca Pfaff.

Échos de paradis perdus
© Eric Sebbag

Le violoncelliste Jérôme Pernoo.

Deux créations mondiales plus une des pages les plus marquantes de Scelsi, l'Orchestre National de France avait fort à faire samedi : entre Shuya Xu et Gilles Tremblay, les amateurs de musique vivante et d'exotisme étaient à la noce. Nostalgie de pays des merveilles.
 

Salle Olivier Messiaen - Maison de la Radio, Paris
Le 19/05/2001
Mathias HEIZMANN
 



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  • Attaquer Nirvana de Shuya Xu sous prétexte qu'il joue un peu trop sur la corde sensible serait aussi absurde que de reprocher à Scelsi de ne s'occuper que de son. Derrière ses crescendo orchestraux et ses références à la musique populaire tibétaine, il y a bien plus qu'un simple jeu d'imitation confortable ou une succession d'effets. Nirvana semble, en effet, chargé d'un mysticisme authentique qui lui donne une force peu commune.

    Cette culture n'étant pas la nôtre, ses codes nous échappent-ils ? Sans doute. Mais le regard que l'auteur lui porte a quelque chose d'universel parce qu'il est fait d'une nostalgie dont on connaît tous les effets. De ce point de vue, Nirvana, porte bien son nom en ce qu'il renvoie immanquablement à l'idée de perte (le paradis dans notre civilisation judéo-chrétienne), avec ce que cela suppose de métaphores personnelles, de souvenirs et de mélancolie.

    L'oeuvre de Gilles Tremblay (Les pierres crieront) a beau faire référence à la mystique occidentale (L'évangile selon saint Luc) et puiser son inspiration dans la culture orientale (le chant des moines coréens du monastère de Sae Chol est à l'origine de la pièce), elle possède curieusement un côté terrien et ludique auquel on peut se raccrocher faute d'être captivé. Son écriture originale offre aussi un bel espace de jeu au violoncelliste et l'on doit dire que Jérôme Pernoo a fait des miracles, à l'exemple d'ailleurs l'ensemble des musiciens.

    C'est finalement le travail de Scelsi qui renvoie le plus à celui de Shuya Xu, bien que, sur un plan formel, Aiön n'ait à peu près rien de commun avec Nirvana. Mais l'exploration de la matière sonore que le compositeur italien réalise dans ces pages orchestrales débouche sur un univers atemporel, un espace mouvant sans début ni fin dans lequel on rêve de se perdre. Assez curieusement, la matérialisation de cet espace sonore suscite lui aussi une formidable nostalgie. Celle d'un paradis perdu peut-être.




    Salle Olivier Messiaen - Maison de la Radio, Paris
    Le 19/05/2001
    Mathias HEIZMANN

    Concert de création contemporaine par l'Orchestre National de France dirigé par Luca Pfaff.
    Scelsi : Aiön
    Shuya Xu : Nirvana
    Gilles Tremblay : Les pierres crieront
    Orchestre National de France
    direction : Lucas Pfaff
    Jérôme Pernoo : violoncelle

     


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