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CRITIQUES DE CONCERTS |
13 octobre 2024 |
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Fabio Biondi dirige l'Ensemble Orchestral de Paris dans un programme Vivaldi.
Vivaldi sur un long fleuve tranquille
Le temps d'un concert avec l'Ensemble Orchestral de Paris, Fabio Biondi a abandonné son Europa Galante et ses cordes en boyaux. Mais il est resté fidèle au compositeur qui a fait sa renommée, Vivaldi, dont il a dirigé, de son violon, La Senna Festeggiante, une cantate en l'honneur du fleuve qui traverse Paris.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris
Le 26/05/2001
Yutha TEP
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La musique de cette sérénade, créée en 1726 (on ne sait trop si elle fut destinée à célébrer l'entrée en fonction de Languet, ambassadeur de France à Venise, ou la visite dans la Sérénissime du cardinal Ottoboni, francophile avéré), suscite d'emblée quelques interrogations.
Si la partition révèle des éléments intéressants, comme par exemple les récitatifs accompagnés ici plus nombreux que d'habitude, elle ne frappe cependant pas par une complexité excessive, l'écriture orchestrale en particulier n'offrant nullement la richesse harmonique qu'on pourrait attendre.
Les airs vocaux, da capo comme il se doit, sont pour leur part, assez conventionnels, duos et trios compris. Dans ces conditions, les options interprétatives et surtout les capacités belcantistes des chanteurs sont essentielles pour qui veut insuffler une vie dramatique à la partition.
Saluons le travail effectué par Fabio Biondi avec l'Ensemble Orchestral. Certains traits, aux violons en particulier, la pulsation rythmique et un cantabile reconnaissables entre tous, témoignent de la collaboration établie entre l'orchestre et le chef invité.
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La mise en place est par ailleurs digne de louanges, si l'on excepte des flûtes et un basson à la justesse douloureuse, et même si certaines tentations " vibratoires " se font jour çà et là (les seconds violons principalement), contredisant le jeu résolument a vibrato que Biondi impose à ses musiciens. Le violoniste italien a lui-même démontré une belle virtuosité sur un violon moderne, bien que, assez curieusement, son jeu a semblé réintégrer certains tics qu'on ne lui connaissait plus.
Cependant, le résultat global aura laissé l'amateur exigeant sur sa faim, faute d'une réelle continuité dramatique, un défaut inhérent à la partition elle-même.
Sans doute de vrais belcantistes auraient-ils pu animer cette sérénade. Claron Mc Fadden n'a pas sensiblement gagné en couleurs, ni en ampleur ; le timbre est étroit, parfois voilé, et la musicalité ne compense pas une certaine atonie. A l'inverse, Roberto Abbondanza dispose d'un beau et fort chaleureux timbre, mais son chant d'un bel engagement ne peut compter sur une aisance irréprochable dans les passages très véloces de son rôle.
La seule vraie belcantiste de la soirée aura finalement été Laura Polverelli. La mezzo-soprano italienne est bien connue du public du Théâtre des Champs-Elysées, après sa prestation en Rosina du Barbier de Séville dans la même salle. Si les acrobaties rossiniennes l'avaient perceptiblement éprouvée, il n'en est pas de même ici. La voix est charnue, projetée sans problème, la technique est solide et le tempérament indéniable. Mais sa belle contribution n'aura pas suffi à animer cette senna au débit trop tranquille.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 26/05/2001 Yutha TEP |
| Fabio Biondi dirige l'Ensemble Orchestral de Paris dans un programme Vivaldi. | Antonio Vivaldi : La Senna Festeggiante, sérénade en deux parties.
Claron Mac Fadden, soprano – Laura Polverelli, mezzo-soprano – Roberto Abbondanza, baryton.
Ensemble Orchestral de Paris
Fabio Biondi, violon solo & direction | |
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