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CRITIQUES DE CONCERTS 19 mars 2024

Récital Radu Lupu au Théâtre du Châtelet.

Du grand piano à discrétion
© Decca classics

Pour l'un de ses trop rares récitals parisiens, le 30 mai dernier, au Théâtre du Châtelet, le pianiste roumain Radu Lupu réservait à son public un programme plutôt inattendu, mariant Beethoven, Enesco et Janacek. Les qualités de l'interprète, elles, n'ont déçu aucune attente.
 

Théatre du Châtelet, Paris
Le 30/05/2001
Michel PAROUTY
 



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  • L'art de Radu Lupu est avant tout fait de discrétion. Mais il ne faut pas se fier aux apparences. La 12e Sonate de Beethoven, par exemple, il en déploie l'architecture souplement, presque timidement d'abord. Au fur et à mesure que se succèdent les divers épisodes de l'Andante con variazioni initial – un thème et cinq variations- la nécessité organique du mouvement apparaît, ainsi que le changement de nature subi par le genre même de la variation, non plus exercice ludique et décoratif, mais évolution, transformation, développement.

    La Marcia funebre n'assène pas ses accords ; elle procède, au contraire, d'un classicisme très maîtrisé, et l'inquiétude naît d'un infime changement de tempo ou de couleur. De cette page charnière, dans la série des trente-deux sonates, Lupu n'a pas son pareil pour montrer, sans en avoir l'air, la nouveauté.


    Peu connue, peu souvent jouée- et d'une évidente difficulté d'éxécution-, la Sonate en fa dièse mineur qu'écrivit Georges Enesco en 1924 déconcerte par sa complexité, l'ampleur de son premier mouvement, Allegro molto moderato, et surtout son troisième et dernier mouvement, un Andante molto espressivo très lent, prenant (Enesco affirmait avoir voulu évoquer la nuit sur les plaines roumaines).

    C'est avec un raffinement inouï que Lupu pénètre ce monde aux harmonies étranges, aux irisations infinies. Les âpretés du Presto vivace lui servent à amener encore plus efficacement le finale, à faire ressortir l'unité d'une partition si finement articulée qu'on la croirait placée sous le signe d'une entière liberté.

    Avec Sur un sentier herbeux de Janacek, le pianiste roumain atteint d'autres sommets et mène à son apogée son don de conteur. Des dix pièces prncipales, il n'en joue que six, les cinq premières (Nos soirées/Une feuille emportée/Venez avec nous/La Vierge de Frydek/Elle bavardaient comme des pies/Bonne nuit) et la septième (Bonne nuit). Son toucher léger, sa sonorité lumineuse, son jeu merveilleusement souple font de chacune d'elle un véritable poème.

    On est d'autant plus surpris de le voir attaquer la Waldstein béethovénienne (Sonate n° 21 ) avec force et nervosité, comme si la tension qui s'était emparée de lui depuis le début du concert se libérait d'un coup : nervosité des battues de croches de l'Allegro con brio, attente de l'Introduzione, dans un temps soudain suspendu, et triomphe final du thème en ut majeur, dans sa resplendissante simplicité, presque trop joliment, là où le déferlement de puissance n'eût pas été vain. Fabuleux, malgré tout, comme l'ensemble de ce concert accueilli fort justement avec enthousiasme.




    Théatre du Châtelet, Paris
    Le 30/05/2001
    Michel PAROUTY

    Récital Radu Lupu au Théâtre du Châtelet.
    Beethoven : 12e Sonate, Andante con variazioni, 21e Sonate " Waldstein "
    Georges Enesco : Sonate en fa dièse mineur
    Leos Janacek : Sur un sentier herbeux

     


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