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CRITIQUES DE CONCERTS |
11 octobre 2024 |
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RĂ©cital de la pianiste Claire DĂ©sert au Festival Chopin Ă Paris.
Une oasis pour Alkan
Malgré son étendard monothématique, le XVIIIe festival Chopin à Paris laisse de l'espace aux interprètes qui ne veulent pas se cantonner au divin polonais. Or, plus opposé de caractère que Liszt à ce dernier, il y a le virtuose Charles-Valentin Alkan, que Claire Désert défendait le 3 juillet dernier avec une verve inextinguible.
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Charles-Valentin Alkan est rare dans les récitals, un coup d'œil sur ses partitions surpeuplées de notes laisse entendre facilement pourquoi les meilleurs pianistes le redoutent. Or, n'est pas Claire Désert qui veut ; laquelle sait, au nœud d'un programme extrêmement ardu, articuler sans effort apparent les spasmes effrayants d'une pièce justement surnommée diabolique.
On a dit Alkan sauvage. C'est faux : il appartint aux cercles de George Sand et de Victor Hugo. Le premier nocturne justifie son surnom de " Berlioz du piano " : on y goûte, en un relief limité, et presque sans accident, toute la palette de teintes du grand orchestrateur – accrue par la délicatesse de la virtuose.
Alkan n'est pourtant pas un franc-tireur en son genre. D'autres, bien avant lui, ont laissé de périlleux cahiers d'études. Son absence de postérité peut s'expliquer par un propos qui, s'il prend racine dans les tourmentes de son époque, parle différemment ; et souvent avec trop d'avance. Sans doute, trop d'anticipation, de hiatus, de couleurs.
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De Chopin qui reste l'enseigne du festival, Claire Désert a choisi lenocturne n° 1, avec ses deux âpres crescendo, la novatrice tarentelle au moto perpetuo tournoyant sans répit ; ici, quelle dureté ambiguë l'artiste ne met-elle pas dans les syncopes ! Il y a également les trois nouvelles études qu'elle traite avec un rubato tout en pudeur et le nocturne n° 2, déplacé pour ouvrir le programme dans le plus grand velours.
Mais Schumann prépare mieux à la démesure d'Alkan : il y a les fantasmagoriques novellettes et l'Humoresque, arche égotiste -pourtant universelle- et lieu certain de tous les périls. Elle façonne chaque contour (ils sont quelques-uns) avec une gestuelle caressante à la Reine Gianoli et une variété métaphorique qui laisse pantois. Le finale est traversé de dérangeantes interrogations, dépouillées quoique sans excès, mais propres à répandre des plaintes dans la brusque fanfare.
Mais encore? Le bis, unique (pertinence après pareille profusion) : Mendelssohn, l'une des romances sans paroles.Quand certains, pâles imaginatifs, figent ce recueil en une fadeur de salon, Claire Désert voit et fait sentir d'abord cette inégalée finesse du peintre ; bien plus Bonnard avant l'heure que Delacroix. Un envol d'une grâce jamais maniériste. Et dernière révérence d'un soir à son compagnon de purgatoire, Charles-Valentin Alkan. Pour lui et les autres, on la remercie.
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Orangerie du Parc de Bagatelle, Boulogne Le 03/07/2001 Jacques DUFFOURG |
| Récital de la pianiste Claire Désert au Festival Chopin à Paris. | Alkan : Premier nocturne, opus 22 ; Etude dans les tons mineurs, opus 39 N° 3, " Scherzo diabolico ".
Chopin : Nocturne, opus 48 N° 2. Nocturne, opus 48 N° 1 ; Trois nouvelles études ; Tarentelle en la bémol, opus 43.
Schumann : Humoresque, opus 20, Novellettes, opus 21 N° 2 et 8 | |
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