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CRITIQUES DE CONCERTS |
14 octobre 2024 |
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Récital du pianiste Eugen Indjic au festival Chopin à Paris.
Le piano sans ombre d'Eugen Indjic
Il faudrait être de bois pour résister aux charmes feutrés de l'Orangerie du Parc de Bagatelle. Idéal pour les soirs de vague à l'âme, le festival Chopin proposait un bain de piano rassérénant. Le 10 juillet dernier, le pianiste Eugen Indjic noyait de lumière un programme Schumann, Henselt, et Chopin bien sûr.
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Né à Belgrade mais d'origine russe et aujourd'hui citoyen américain, Eugen Indjic est l'un des élèves méconnu d'Arthur Rubenstein, accessoirement lauréat du concours Chopin de Varsovie en 1970. Au clavier, l'homme a du répondant : jeu clair, sens de la polyphonie irréprochable, technique impressionnante (il en faut dans les études de Henselt), bref de quoi rester surprit de sa notoriété confidentielle en France.
D'emblée, son jeu sensible et lyrique fait mouche dans les pièces les plus intimes. Dans les Cinq Fantasiestücke de Schumann, ses capacités de chanteurs, la clarté de sa conception et sa maîtrise de l'énergie sont également investies avec profit.
Toutefois, le mélange de retenue et de brillant qui caractérise le jeu du pianiste - ou plus exactement un manque de folie souligné d'une sonorité trop claire et sans mystère- donnait à ce piano toujours timbré quelque chose de terre à terre, comme si le pianiste avait renoncé aux vapeurs crépusculaires des théâtres d'ombre, où rien n'est vraiment donné à voir, mais au contraire toujours puissamment suggéré.
Pourtant, si peu que l'on se prête aux malins sortilèges de la musique de Schumann, cette atmosphère équivoque où la folie se dispute à l'humour produit de tels fantasmes qu'ils obscurcissent à peu près tout. Nul doute, en tout cas, que le texte de Jean Paul Richter, dont s'inspire le Carnaval, porte ce délire hallucinatoire au plus haut point.
Or, Eugen Indjic parvient difficilement à suggérer ce climat fantasque parce que son jeu, lumineux et transparent, oublie les fractures, les changements de climats et les sautes d'humeurs qui la parcourent.
Dans les études trop rares d'Adolf von Henselt (une sorte d'Alkan germanique) ou dans les pages virtuoses de Chopin, on retrouve un piano très étincelant, plutôt Lisztien dans les oeuvres les plus agités mais aussi capable d'attendrissement et d'introspection. Pourtant, toujours pas de clairs-obscurs, à l'évidence Eugen Indjic n'aime mettre son piano à l'ombre.
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Orangerie du Parc de Bagatelle, Boulogne Le 10/07/2001 Matthias HEIZMANN |
| Récital du pianiste Eugen Indjic au festival Chopin à Paris. | Adolf von Henselt : étude n° 1 et 6 opus 2
Frédéric Chopin : Barcarolle op 60, Quatre Mazurkas op. 30, Troisième Scherzo
Robert Schumann : Cinq Fantasiestücke, Carnaval. | |
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