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CRITIQUES DE CONCERTS 27 avril 2024

XIX° Festival International d'Orgue de Bordeaux : " Musica in Cathedra ".

Bordeaux, les bons tubes de l'été
© Furax Bordeaux

Le grand orgue Dom Bedos de l'abbatiale Sainte-Croix de Bordeaux.

Trois générations d'organistes se sont succédé en trois jours à Bordeaux, sur trois instruments différents, dans le cadre du XIX° festival international d'orgue ; une manifestation qui mérite le détour même si elle est moins connue que sa rivale automnale toulousaine, dotée il est vrai de moyens plus conséquents.

 

Le 19/07/2001
Jacques DUFFOURG
 



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  • Organiste titulaire Ă  Saint-Spire de Corbeil, Bruno Mathieu dĂ©fendit avec conviction et brio un programme d'orgue symphonique allant du dĂ©but Ă  la toute fin du XXe siècle. Le monumental et composite orgue de St-AndrĂ©, Ă  l'image de son Ă©crin la cathĂ©drale bordelaise, se prĂŞte idĂ©alement aux architectures de Franck, Vierne, DuprĂ©
    et Mathieu lui-mĂŞme (Te Deum, crĂ©Ă© Ă  Notre-Dame de Paris le 31 dĂ©cembre 2000).

    L'organiste a totalement refondu le programme initial pour rendre hommage Ă  son maĂ®tre Jean Langlais, et aux inspirateurs de celui-ci – et ce, totalement de mĂ©moire. Si le positif donne Ă  goĂ»ter des mĂ©lismes purs et nets (Franck, Langlais, Messiaen, Mathieu), le grand-orgue très sollicitĂ© (Langlais encore, Franck, Vierne, DuprĂ©) pâti d'un excès de rĂ©verbĂ©ration dans la haute cathĂ©drale ; l'instrument très large Ă©tant trop proche des murs de la nef. Il est vrai aussi que l'artiste, malgrĂ© un sens sculptural poussĂ© (le Carillon de Westminster de Vierne !) manie souvent sans retenue le grand plein jeu.

    Tel n'est pas le cas de Laurent Jochum. À 25 ans, ce titulaire de Saint-Jean-Baptiste de Belleville est déjà un habitué des prestations hors de ses murs. Son très bref récital, de Bach à Escaich (né en 1965) offre un point de vue dense et difficile, en forme d'acte de contrition. Totalement possesseur de l'instrument mixte de St-Seurin (remanié dans le but assez risqué d'épouser tous les répertoires, mais doté de jeux de flûtes ébouriffants), ce Lorrain ne veut pas d'un Bach ostentatoire. La fugue qui couronne la Fantaisie en sol mineur BWV 542 conserve l'intériorité angoissée de son portique, n'envisageant pas même de rémission dans la strette.

    Rien de plus logique que de poursuivre par le redĂ©couvreur de Bach, Mendelssohn. Le chef-d'oeuvre qu'est la sixième Sonate, retable Ă  trois vantaux (Choral et Variations, Fugue, Andante) est bien replacĂ© par Jochum dans son ascèse luthĂ©rienne ; laquelle n'exclut ni d'admirables rĂ©cits en duo, ni un jeu crĂ©meux, tant cette fois-ci dans le grand-orgue que le positif. Un DuprĂ© et un Escaich, aux grands pleins jeux, viennent conclure en recourant par trois fois Ă  la mĂŞme croissance dans la mĂ©ditation.


    La troisième messe de François Couperin

    Si l'abbatiale Ste-Croix est cantonnĂ©e Ă  la pĂ©riphĂ©rie bordelaise, c'est sans doute pour mieux rĂ©server la surprise et le plaisir d'y dĂ©couvrir un orgue Dom Bedos rĂ©novĂ© en 1997, et en tout point exceptionnel. Au plaisir de l'Âśil (dorures Ă©lĂ©gantes sur buffet vert Ă©meraude) s'adjoint celui de l'oreille, dès que François Delor fait sonner le plus modeste tuyau. Venu du Temple de la Fusterie Ă  Genève, ce " vĂ©tĂ©ran " est aussi thĂ©oricien, transcripteur et compositeur. Son parcours du jour, couvrant tout le Grand Siècle français et saxon, fait profiter, par un toucher aussi ornĂ© que rigoureux, de tous les joyaux dont l'instrument n'est pas avare.

    Parmi ceux-ci, des jeux d'anches - clairon, bombarde, trompette – des plus séduisants, que la Suite du troisième ton de Guilain fait retentir avec générosité. Au trop rare Sweelinck (Fantaisie, Ballo del Granduca), Delor apporte la plastique encore sobre du premier Baroque, contenant de bout en bout le grand plein jeu, quand celui-ci anticipe sur Reincken ou Buxtehude. Le francophile Muffat, élève de Lully, est représenté par une Toccata des plus libres (troublant choral entre deux passages fugués très élaborés).

    Mais la plus grande merveille Ă©choit Ă  François Couperin. Le Genevois a arrangĂ© cinq de ses pages vocales de la pĂ©riode versaillaise (La Chapelle Royale). L'orgue bĂ©nĂ©ficiant d'un clavier entier de bombarde, c'est un rĂ©gal de l'entendre sous ses doigts briller dans le Magnificat, alors que les Petits Motets font dĂ©guster un positif prĂ©cis, souple et poĂ©tique. Finissant par un splendide Offertoire sur les grands jeux, François Delor crĂ©e ainsi une manière de troisième recueil organistique du maĂ®tre de Saint-Gervais ; quand on devait jusqu'Ă  prĂ©sent se contenter des deux grandes Messes.




    Le 19/07/2001
    Jacques DUFFOURG

    XIX° Festival International d'Orgue de Bordeaux : " Musica in Cathedra ".
    17 juillet : Bruno Mathieu (Paris) – Langlais, Franck, Vierne, DuprĂ©, Messiaen, Mathieu – Orgue Isnard-Henry-Wenner-Boisseau
    de la Primatiale Saint-André.
    18 juillet : François Delor (Genève) – Sweelinck, Guilain, F. Couperin, Muffat – Orgue Dom Bedos de Celles de l'Abbatiale Sainte-Croix.
    19 juillet : Laurent Jochum (Paris) – Bach, Mendelssohn, DuprĂ©, Escaich – Orgue Micot-Wenner-Maille-Gonzalez de la Basilique Saint-Seurin.

     


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