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CRITIQUES DE CONCERTS |
14 octobre 2024 |
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RĂ©cital du pianiste Laurent Cabasso Ă l'Orangerie du Parc de Sceaux.
Un Steinway qui ne manque pas de répartie
Lauréat de plusieurs concours internationaux (Prix Geza Anda de Zurich, 1982 et Tokyo, 1983), le pianiste français Laurent Cabasso s'était surtout distingué par un enregistrement Schumann où brillait sa version des Kreisleriana. Depuis, il s'était fait plus discret. Son récent récital à Sceaux était l'occasion de le réentendre.
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L'acoustique de l'Orangerie du Parc de Sceaux est très généreuse ; dans ce lieu, en effet, le piano sonne avec autant de puissance qu'un orchestre symphonique. Laurent Cabasso se garde toutefois d'utiliser tous les décibels qu'il couve sous ses doigts pour la sonate K. 330 de Mozart.
Dans une atmosphère estivale surchauffée, sa lecture aérienne paraît immédiatement rafraîchissante. Ici, la difficulté est de réussir à restituer la profondeur du mouvement lent. Avec un sens clairvoyant de la suspension et de l'accent, l'artiste insinue sans heurts une atmosphère tragique à la reprise. Laquelle se dissipe enfin pour un Allegretto lyrique et symphonique.
Avec un toucher délicat et un fil lyrique ininterrompu, le pianiste n'était pas sans évoquer ici la manière d'un Perahia.
Changement de climat avec Schumann. Le ciel se charge. Mais là où l'on attendait des nuages lourds annonçant bourrasques et tempêtes, c'est la brume résultant d'une utilisation excessive de la pédale qui s'installe. Dans le brouillard de ces Bunte Blätter surgissent quand même quelques réussites, ici une Novellette, plus loin une Marche funèbre.
Mais l'ensemble laisse néanmoins une impression confuse de manque d'articulation et d'épaules ; le jeu du pianiste pâtissant également d'une palette dynamique mal étagée et trop exiguë. La situation ne s'améliore guère avec la rare Grande Sonate op.14. Les dissonances hardies de la partition ne sont pas soulignées mais noyées, et on cherche en vain le Prestissimo possibile qui se ballade à l'allure d'un allegro pépère.
Surtout, Cabasso n'arrive pas à instaurer un climat de fièvre, une progression dramatique ou même seulement à tendre un fil narratif. Il est faible de pouls et de tension et ne semble jamais réellement à son aise que dans la rêverie ou l'errance dans la purée de pois.
À l'heure des bis, le piano Steinway va le punir par où il a péché : en bloquant la pédale de résonance. Dix bonnes minutes seront nécessaires pour qu'un technicien répare le levier récalcitrant, non sans avoir soulevé les jupes de l'instrument. Il faudrait utiliser plus souvent des pianos capables d'une si juste répartie.
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Orangerie du Parc, Sceaux Le 28/07/2001 Eric SEBBAG |
| Récital du pianiste Laurent Cabasso à l'Orangerie du Parc de Sceaux. | Wolfgang Amadeus Mozart : Sonate n° 10 en ut majeur K. 330
Robert Schumann : Bunte Blâtter op. 99, Grande Sonate en fa majeur op.14 | |
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