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CRITIQUES DE CONCERTS 26 avril 2024

Concert de la Deutsche Kammerphilharmonie de Brême sous la direction de Daniel Harding au festival de Salzbourg 2001.

Salzbourg 2001 (5):
Harding fait son cinéma

© Virgin Classics

Après plusieurs succès retentissants au festival d'Aix-en-Provence, le jeune chef Daniel Harding se lance maintenant à la conquête de Salzbourg. Mais dans la ville de Mozart, le Britannique n'a pas fait illusion. Et sa recherche systématique de l'effet de surprise n'a pas réussi à masquer un flagrant manque d'inspiration.
 

Kleines Festspielhaus, Salzburg
Le 19/08/2001
Yannick MILLON
 



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  • Première surprise de la soirée. Le concert commence par la Sonata per archi de Hans Werner Henze. Elle n'avait pas été annoncée. Incidemment, on apprend, en lisant le programme, qu'en 1957, pour la création de l'oeuvre à Donaueschingen, Nono, Stockhausen et Boulez qui étaient dans la salle sont sortis après quelques mesures !

    Effectivement, d'un ennui mortel et bourrée de poncifs, cette pièce a probablement été ajoutée pour meubler un programme trop court dans un festival où l'on entend rarement moins de deux heures de musique par concert. La prestation de l'orchestre n'est guère plus brillante que l'oeuvre elle-même: correcte dans les tuttis, médiocre voire calamiteuse – la contrebasse – dans les solos.

    Néanmoins, en tant que chef, Harding possède d'indéniables qualités : sens de l'éclat orchestral, absence complète de routine comme de mollesse. Encore lui faudrait-il transmettre aux instrumentistes une certaine chaleur, désespérément absente, un sens du legato et une manière de faire chanter les instruments. Sa direction, extrêmement démonstrative, sans fil conducteur, n'est faite que de flashs aveuglants, d'éclats brutaux, et manque cruellement de souplesse rythmique ; elle est en outre encombrée de tics inquiétants, notamment celui d'écourter systématiquement les silences.

    L'orchestre n'en possède pas moins quelques belles qualités, notamment un pupitre de bois homogène à la justesse remarquable, mais manquant souvent de legato à la clarinette. Les cuivres et les timbales sont détonants ; quant aux cordes, très à l'aise dans les passages aux coups d'archets tranchants, elles sont en revanche bien maladroites dans les phrases lyriques à plein archet, avec leur son étriqué et creux.


    La prestation remarquable de la violoniste Viktoria Mullova sera le seul moment de grâce de cette soirée. Son concerto de Sibelius, plus dramatique qu'intérieur, ferme et tourmenté, s'avère des plus convaincants. Sa technique de main gauche éblouissante – grande maîtrise des aigus – et sa sensibilité lui ont valu des tonnerres d'applaudissements mérités. Mais on a frôlé plusieurs fois la catastrophe dans un troisième mouvement que Harding a lancé sur les chapeaux de roue et que la soliste avait bien du mal à suivre. Quant à la coda bâclée, elle parut tout simplement aberrante.

    Après cela, la Troisième Symphonie de Brahms laissait craindre le pire. On fut servi avec un Brahms tout de nerfs et de spasmes, corrosif mais surtout sans épaisseur. Faire hurler les altos sur les syncopes au lieu de souligner le magnifique motif des violons dans le premier mouvement ne rend pas sa lecture très captivante. Le si beau Poco allegretto avec son chant éploré des violoncelles parut totalement réfrigérant. Mais c'est le finale qui remporte la palme en matière de ratage, avec force précipitation et fortissimos déplacés. Entre autres, la coda apaisée, toute de quiétude fut complètement escamotée.

    En bis, Harding donnait l'ouverture des Créatures de Prométhée de Beethoven. Son style convient mieux aux contrastes et aux éclats beethovéniens, mais ce qu'il a réussi au disque tourne ici au grand guignol, avec un tempo encore trop hâtif, des effets au goût douteux – le vacarme des cuivres et des timbales - ainsi qu'une gestique fanfaronne, des sauts de cabri et des claquements de pieds grotesques.

    Faut-il attribuer cette contre-performance à l'enthousiasme de la jeunesse ? Toujours est-il qu'il ne suffit pas de jouer les iconoclastes pour devenir Toscanini ou Harnoncourt




    Kleines Festspielhaus, Salzburg
    Le 19/08/2001
    Yannick MILLON

    Concert de la Deutsche Kammerphilharmonie de Brême sous la direction de Daniel Harding au festival de Salzbourg 2001.
    Hans Werner Henze : Sonata per archi
    Jean Sibelius : Concerto pour violon en ré mineur op.47
    Johannes Brahms : Symphonie n° 3 en fa majeur op.90

    Die Deutsche Kammerphilharmonie Bremen
    Direction : Daniel Harding
    Viktoria Mullova, violon

     


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