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CRITIQUES DE CONCERTS |
18 mars 2025 |
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Récital de Jordi Savall à la viole de gambe au Parc Floral de Paris.
La viole parfum nature
© Eric Sebbag
Il y avait foule au Parc Floral de Paris dimanche dernier pour entendre Jordi Savall. Avec sans doute en mémoire le ratage cuisant du Théâtre du Palais-Royal au printemps dernier, le maître catalan a eu cette fois la sagesse de revenir à une sélection de pièces qui ne poussent pas sa viole dans ses derniers retranchements.
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Ouf, on a retrouvé Jordi Savall. Le maître des atmosphères capable de s'adresser aux foules avec une expression si intimiste que chaque auditeur se croit l'objet d'une attention particulière. L'archet qui séduit sans force moulinets ni virevoltes.
Au Parc Floral, un récital de viole seule est en soi un exploit car le lieu ne se prête ni à l'intimité, ni à la concentration. Dans une acoustique de plein air, la viole n'est pas chez elle car l'instrument n'est pas véritablement un monstre de puissance ; et l'amplification, il fallait s'y attendre, n'a pas suffi à rattraper
l'irrattrapable.
Pourtant à bien réfléchir, ce son dispersé valait mieux qu'une présence artificielle. Après tout, il s'agissait surtout de chercher une complicité entre le public et le musicien et de briser, autant que possible, l'habituel rituel des concerts " classiques " dont on sait l'inadéquation avec la musique ancienne.
De ce point de vue, l'effet fut assez réussi. Non pas qu'on ait cherché une quelconque authenticité – au demeurant assez absurde – en transformant l'amas de métal du chapiteau en un palais imaginaire. Jordi Saval s'est contenté de mettre la parole en jeu pour donner à ce récital un " je ne sais quoi " d'inhabituel.
Pédagogie de mise pour annoncer son programme : un patchwork d'oeuvres de K.F.Abel, Johannes Schenck, Sainte Colombe père et fils, Demachy, Marin marais, Tobias Hume, Alfonso Ferrabosco, Thomas Ford, John Playford et Jean Sébastien Bach qu'il joue depuis un bon quart de siècle, et qui reprend pour partie un disque-récital assez récent intitulé " les Voix humaines " chez Alia Vox.
Savall a choisi de réunir plusieurs compositeurs dans un kaleidoscope de musique dont la seule unité formelle réside dans le sens de la mise en scène et des atmosphères du musicien. Lorsqu'il choisit des pièces à la mesure de sa technique d'aujourd'hui (moins souveraine car il travaille moins), qu'importe presque ce qu'il joue, sa présence semble pratiquement suffire.
Son jeu reste en effet incroyablement souple caractérisé par une absence d'effet qui confère à la musique un caractère méditatif et une intensité qui forcent l'écoute. Le programme a beau être long et les oeuvres présentées assez peu conçues pour être justaposées, le soliloque de l'archet est si surprenant dans ce cadre verdoyant qu'il fascine et hypnotise à l'égal d'un chant d'oiseau ou du murmure d'un cours d'eau.
Pour un public novice et familial d'un dimanche ensoleillé, cette viole parfum nature était probablement une initiation incomparable.
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Festival Classique au Vert, Parc Floral, Paris Le 26/08/2001 Mathias HEIZMANN |
 | Récital de Jordi Savall à la viole de gambe au Parc Floral de Paris. | Œuvres K.F.Abel, Johannes Schenck, Sainte Colombe père et fils, Demachy, Marin marais, Tobias Hume, Alfonso Ferrabosco, Thomas Ford, John Playford et Jean Sébastien Bach.
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