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CRITIQUES DE CONCERTS |
13 octobre 2024 |
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Nouvelle production de Carmen au théâtre du Tambour Royal de Paris.
Le Tambour Royal au rythme des castagnettes
Blotti dans une impasse du quartier de Belleville à Paris, le Théâtre du Tambour Royal dément en un clin d'œil les préjugés que l'on peut avoir sur l'opéra : un gouffre financier où des chanteurs aux cachets inavouables scandent des textes incompréhensibles sans surtitrage. Sa Carmen vient de le prouver.
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La Carmencita et ses camarades retrouvent donc leurs origines populaires grâce à la compagnie Trazom qui avait déjà régalé le public du Tambour Royal avec un Don Giovanni et un Didon et Enée ces deux dernières années.
Les ingrédients pour cette Carmen sont pratiquement semblables : peu ou prou les même interprètes que les productions déjà citées et une mise en aussi astucieuse qu'économique qui fait ses preuves pour la troisième fois. Le metteur en scène et homme à tout faire de la compagnie Jacques des Longchamps reste fidèle à ses principes sans pour autant sombrer dans un système.
Tableau après tableau, il affectionne l'utilisation de panneaux malléables, lesquels sont particulièrement efficaces dans la scène finale où les panneaux de l'arène se renferment lentement sur le couple Carmen-Don José, afin de célébrer l'apothéose funeste de l'opéra.
Le pinceau est l'autre outil favori de Longchamps, soit pour proposer des esquisses en guise de décor (dont une exécutée en direct par Carmen lors de son passage dans la taverne de Lillas Pastas), soir pour indiquer par écrit le lieu de l'action.
Erotiquement bien sûr, mais également vocalement, c'est la sulfureuse Carmen que campe Natalia Cadet qui impressionne le plus. Sa voix ténébreuse prolonge tout naturellement son regard sombre, aspects qui font oublier le parti pris quelque peu statique de son personnage.
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Mais les autres chanteurs ne sont pas en reste, à l'image d'Escamillo, interprété par Jacques des Longchamps en personne, dont les graves sont effectivement d'une virilité très attractive, et de Don José dont le timbre de voix est extrêmement gracieux.
Quant aux deux compagnes de Carmen, Frasquita et Mercedes (respectivement Yumiko Shinozaki et Sophie Angebault), elles remplissent parfaitement leur rôle en insufflant la dimension comique inhérente à l'ouvrage de Bizet.
La pianiste Cigdem Sevgener assure en solo toute la partie instrumentale de l'opéra. Même si son exécution n'était pas exempte d'anicroches, elle a maîtrisé la partition avec un dynamisme constant jusqu'à la dernière note. On la priera simplement de faire appel à un accordeur pour réajuster les aigus de son piano
En remplaçant la masse orchestrale par un seul instrument et en ôtant les choeurs qui parsèment l'ouvrage, cette Carmen de poche a sans doute quelque peu perdu en contrastes et donc en force dramatique (surtout au dernier acte). Mais c'est au bénéfice d'une théâtralité et d'une intelligibilité remarquables. A deux décennies de distance, il est maintenant établi que la tradition des Carmen version Bonzaï a trouvé sa postérité.
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Théâtre du Tambour Royal, Paris Le 29/08/2001 Philippe KALMAN |
| Nouvelle production de Carmen au théâtre du Tambour Royal de Paris. | Carmen de Georges Bizet
Par la Compagnie Trazom
Mise en scène : Jacques des Longchamps
Avec en alternance :
Grigori Abramian, Cigdem Sevgener : piano
Natalia Cadet, Sofia Castiello : Carmen
Yago Falck, Vincent de Rooster : Don José
Isabelle Charles, Ariane Douguet, Anne Rodier : Micaëla
Eric Demarteau, Arnaud Guillou, Jacques des Longchamps : Escamillo
Yumiko Shinozaki, Céline Violleau : une cigarière, Frasquita
Sophie Angebault, Agnès-Laure Bigorie, Annie Lelong : une cigarière, Mercedes
Cyrille GĂ©rome : un gendarme, Remendado
Arnaud Guillou, Richard Lahady : Zuniga, DancaĂŻre
Jusqu'au 20 octobre. | |
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