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CRITIQUES DE CONCERTS 23 avril 2024

Premier concert de la saison musicale du musée de l'Armée en l'Hôtel National des Invalides de Paris

L'autre chant des Gaules
© Philppe Matsas

Marcel Pérès (© Philppe Matsas)

Fidèle à son projet de revivifier les musiques du passé, l'ensemble Organum de Marcel Pérès donnait mardi dernier, en l'austère église Saint-Louis des Invalides à Paris, une messe " In Festo S. Ludovici Regis Franciae " écrite pour ce même lieu, absolument inédite, et datant probablement du règne du Roi Soleil.
 

Eglise Saint-Louis des Invalides , Paris
Le 02/10/2001
Olivier BERNAGER
 



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  • Une copie de la messe trĂ´ne sur un lutrin placĂ© dans le choeur autour duquel les six chanteurs de l'Ensemble Organum vont successivement chanter les Hymnes et les Psaumes qui la composent, pour se sĂ©parer en deux groupes de trois chanteurs occupant les stalles, pour les Antiphonaires.

    Une heure durant, devant un parterre assez BCBG, très attentif, se succèdent des parties en plain-chant et des parties où les voix se séparent pour tracer des polyphonies de facture très simples, mais d'harmonies étonnantes, inhabituelles dans ce genre de répertoire.

    Il s'agit, en effet, de faire revivre une pratique du plain-chant qui n'a Ă©tĂ© conservĂ©e que dans très peu de lieux de culte, le plain-chant originel, dit " gallican ", dont le manuscrit, ici, est une messe commandĂ©e probablement par Louis XIV pour ce lieu.

    Marcel PĂ©rès, dans une introduction qui fait le point sur le sujet, rappelle que les querelles religieuses dont le XVIIe siècle français a Ă©tĂ© le théâtre, n'ont pas seulement affectĂ© la thĂ©ologie, mais aussi la sphère de la musique religieuse dont le plain-chant est la base. On aurait tort d'oublier, au profit de compositeurs dits " baroques " comme Charpentier ou Couperin, que l'ordinaire de la messe Ă  cette Ă©poque restait le plain-chant (considĂ©rĂ© souvent abusivement comme du " Chant GrĂ©gorien ").

    Le ou les maĂ®tres de chapelle qui ont Ă©crit pour Saint-Louis des Invalides ont, par cette oeuvre, tĂ©moignĂ© des vives rĂ©actions du clergĂ© français suscitĂ©e par la rĂ©forme romaine du plain-chant. " Après le Concile de Trente, " Ă©crit PĂ©rès, " l'Ă©glise avait connu une coexistence de formes musicales très variĂ©es. (
    ) De violentes controverses s'étaient élevées au sujet des critères esthétiques de son architecture et de son interprétation. (
    ) Certains tentèrent de conserver les traditions médiévales, d'autres voulurent les amender au nom d'un nouvel humanisme (
    ), en composer au goĂ»t du jour, ce que les Français nommèrent fort joliment " musicaliser le plain-chant ".


    Mais parallèlement, germa l'idée qu'il fallait retourner au vieux chant gallican originel, le chant de l'Eglise des Gaules que Charlemagne avait voulu effacer des mémoires. C'est celui-ci précisément que Pérès fait revivre ici par une lecture très savante des manuscrits et une connaissance approfondie de leurs sources.

    Pour un bĂ©otien, c'est-Ă -dire la majoritĂ© de l'auditoire -moi compris-, la diffĂ©rence entre l'ancien et le nouveau plain-chant est bien difficile Ă  dĂ©celer. Pourtant, au dĂ©tour de rapides dĂ©veloppements, on perçoit que ce chant originel est moins austère que ses avatars. On le sent par des frottements harmoniques parfois très Ă©tonnants, des embryons de polyphonies (notamment des faux-bourdons), un travail inhabituel (presque expressionniste !) sur le timbre et la couleur des voix.

    De lĂ  rĂ©veiller et bousculer la solennitĂ© des Invalides, Ă©videmment non, mais de quoi donner une autre image de la pĂ©rennitĂ© du sacrĂ©, et mĂŞme suggĂ©rer une nouvelle clef d'accès aux fameuses " Leçons de TĂ©nèbres " si prisĂ©es au XVIIe français, oui, et mĂŞme sacrĂ©ment.




    Eglise Saint-Louis des Invalides , Paris
    Le 02/10/2001
    Olivier BERNAGER

    Premier concert de la saison musicale du musée de l'Armée en l'Hôtel National des Invalides de Paris
    L'antiphonaire des Invalides
    Ensemble Organum
    direction Marcel Pérès

     


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