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CRITIQUES DE CONCERTS |
09 décembre 2024 |
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Reprise du Der Rosenkavalier de Richard Strauss à l'Opéra Royal de Stockholm.
Un bouquet de roses septentrionales
(© Mats Bäcker)
La Suède n'est pas avare de grands chanteurs. Un petit détour par l'Opéra de Stockholm ne manque donc pas d'intérêt pour l'amateur d'art lyrique. En octobre, un Rosenkavalier de Strauss y marquait le retour d'Anne-Sofie von Otter en ses terres, mais aussi celui de Miah Persson qui a fait forte impression cet été à Aix.
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Conservateurs les Suédois ? En octobre l'Opéra Royal de Stockholm ranimait une production de 1971 du Rosenkavalier. Certes très classique, au sens positif du terme, celle-ci comptait à son actif au moins deux atouts majeurs : la référence directe et constante à la peinture de Hogarth avec des couleurs mordorées aux nuances automnales, et la prodigieuse direction d'acteurs de Folke Abenius.
Ce dernier est d'ailleurs revenu répéter cinq semaines avec tous les chanteurs pour cette reprise, et il n'est pas inutile de mentionner que Hogarth faisait partie, entre autres, des sources avouées par Strauss pour la composition du Rosenkavalier.
Ciselée, transparente mais pourtant sensuelle, la direction du chef allemand Siegfried Kölher a donné à entendre une version quasiment chambriste de cet opéra, avec un orchestre à effectif réduit mettant en valeur le caractère fondamentalement intimiste de l'oeuvre,
Tant dans la fosse que sur scène, légèreté et finesse étaient de mise, personne ne forçant jamais la voix ou le trait, conformément aux souhaits de Richard Strauss et de Hugo von Hoffmansthal qui avaient intitulé leur oeuvre "Comédie en Musique".
Ici, la Maréchale n'était plus cette diva emplumée à laquelle nombre de chanteuses illustres ont contribué à donner une place excessive, mais une femme jeune, plutôt névrosée, anxieuse, culpabilisée et néanmoins suprêmement élégante.
En dépit d'un physique anguleux de petit oiseau fragile et blessé, Gunnel Bohman possède une voix ample, solide et corsée de soprano dramatique dont elle a usé avec sensibilité et réserve pour composer une Maréchale aristocratique comme jamais.
À ses côtés, Anne-Sofie von Otter est confondante de naturel dans un rôle qui lui colle à la voix et à la peau. Cette personnalité complexe qui sait si bien jouer sur tous les registres, passant du rire aux larmes, du bouffon au tragique, du ludique enfantin à la perversité la plus achevée convient idéalement à son mezzo lumineux et facile dans l'aigu.
Ici, Von Otter redonne au personnage d'Octavian sa seule place : la première. N'est-il pas en effet une sorte de deus ex machina menant l'action, épicentre de l'oeuvre, axe autour duquel tournent la Maréchale, Sophie et même Ochs, objet de désir et désirant aussi ?
Miah Persson est une délicieuse Sophie, mariant un timbre frais et plein à un physique avantageux. De ce rôle un peu ingrat style "oie blanche", elle arrive sans effort à gommer toute niaiserie. Son duo avec Von Otter lors de la présentation de la rose a littéralement cloué la salle.
Gentilhomme campagnard un peu lourdaud, le Baron Ochs trouve une incarnation truculente mais sans vulgarité avec Oddbjörn Tennfford, dont la voix solide et profonde - avec parfois un rien d'enfantin - fait merveille.
Si ce n'est le Faninal un tantinet engoncé et fat d'Anders Bergström, le reste du plateau était à l'avenant. Une bonne raison d'aller aussi cueillir ses roses lyriques en Europe septentrionale.
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Opéra Royal, Stockholm Le 27/10/2001 Jacqueline BECKER |
| Reprise du Der Rosenkavalier de Richard Strauss à l'Opéra Royal de Stockholm. | Orchestre de l'Opéra Royal de Stockholm
Chef d'Orchestre : Siegried Kölher
Metteur en scène : Folke Abenius
DĂ©cors : Henry Bardon
Costumes : David Walker
Avec Anne-Sofie von Otter (Octavian), Gunnel Bohman (La Maréchale), Oddbjörn Tennfjord (Baron Ochs), Miah Persson (Sophie), Anders Bergström (Faninal), Klas Hedlund (Un chanteur), Magnus Kyhle (Valzacchi), Marianne Eklöf (Annina), Agneta Lundgren Marianne). | |
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