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CRITIQUES DE CONCERTS |
10 octobre 2024 |
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Reprise de Wozzeck d'Alban Berg dans la mise en scène de Pierre Strosser.
Un Wozzeck
Ă plus de cent briques
Franz Hawlata et Katarina Dalayman (© Eric Mahoudeau)
L'Opéra de Paris reprend actuellement une production de Wozzeck d'Alban Berg. Jeffrey Tate y cède la baguette au maître des lieux, James Conlon, et dans le rôle-titre, Franz Hawlata succède à Jean-Philippe Lafont. En revanche, Katarina Dalayman reste Marie et Pierre Strosser l'architecte d'une scène en briques qui ne casse rien.
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Créée en 1999, cette production de Wozzeck reste toujours aussi absurde et à côté de la musique de Berg. À vouloir représenter l'univers intérieur bloqué et l'enfermement du héros par ce décor unique, cour de caserne ou de HLM en briques, Pierre Strosser n'accomplit qu'un énorme pléonasme, souligne l'évidence et évite, c'est peut-être plus facile, la véritable représentation de la musique.
Il met plus en scène le drame de Büchner que la partition de Berg, car rien ne paraît de la fluidité justement apportée par le compositeur. Comme Pelléas, Wozzeck est une partition en perpétuelle mouvance, mouvance des lieux puisque chaque scène change d'espace, mouvance des sentiments, puisque les héros sont toujours en interrogation quant à ce qu'ils sont, ce qu'ils pensent, ce qu'ils aiment.
La musique est donc une suite de contrastes, rudesse de la caserne, fluidité du plein air et de l'eau, intimité de l'intérieur, débauche clinquante du cabaret, avec ces grandes intrusions sonores du feu, de la lune, de l'eau, du brouillard, de la danse.
Scéniquement, tout cela est totalement éludé et la vue reste figée, morte, coincée entre ces murs, tandis que la musique vit, et que le metteur scène cherche vainement des solutions à l'insoluble, allant jusqu'à cette ridicule petite flaque d'eau comme celle d'un évier qui déborde et dans laquelle le héros est censé se noyer. C'est presque parodique !
En revanche, musicalement, on apprécie deux éléments forts, la direction de James Conlon, qui apporte précisément toute l'humanité qui manque au spectacle, et la Marie de Katarina Dalayman, aussi bouleversante et vocalement parfaite qu'en 1999.
Si ce n'est le capitaine étranglé de Kenneth Riegel, les autres protagonistes ne déméritent pas. Mais le Wozzeck assez impersonnel de Franz Hawalta ne parvient pas à faire oublier celui de Jean-Philippe Lafont dans la distribution de 1999. Avec sa seule voix, il parvenait à libérer ce Wozzeck emmuré dans sa prison à plus de cent briques.
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Opéra Bastille, Paris Le 05/11/2001 Gérard MANNONI |
| Reprise de Wozzeck d'Alban Berg dans la mise en scène de Pierre Strosser. | Orchestre de l'Opéra de Paris
Direction : James Conlon
Mise en scène et décors : Pierre Strosser
Costumes : Patrice Cauchetier
Avec Franz Hawlata (Wozzeck), Katarina Dalayman (Marie), Stefan Margita (Tamboumajor), Donald Kaasch (Andres), Kenneth Riegel (Hauptman), Ulrich Hielscher (Doktor), Markus Hollop (Erste Handwersbursch), Werner van Mechelen (Zweiter Handwersbursch), Wolfgang Ablinger-Sperrhacke (der Narr), Martine Mahé (Margret), Quentin Trar (Mariens Knabe), Francisco Simonet (ein Soldat). | |
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