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CRITIQUES DE CONCERTS 27 avril 2024

Reprise de l'opéra " Les Trois soeurs " de Peter Eötvös.

Un triplé de siamoises
© Marie-Noëlle Robert

© Marie-Noëlle Robert

Il y a trois ans, l'opéra Les Trois Soeurs de Peter Eötvös avait été salué comme " le chef-d'oeuvre lyrique du vingtième siècle finissant ". Sa reprise au Châtelet était l'occasion de se rendre compte si l'oeuvre méritait d'être traitée à l'égal de Die Soldaten de Zimmermann ou duGrand Macabre de Ligeti.
 

Théatre du Châtelet, Paris
Le 06/11/2001
Romain FEIST
 



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  • Si l'écriture instrumentale et vocale de ces Trois Soeurs est aussi efficace qu'inventive, on n'y décèle pas d'innovation majeure. En revanche, elle ne recule pas devant quelques concessions pour séduire. C'est notamment le cas du long monologue d'André, qui tient par bien des aspects de l'air d'opéra russe romantique à la Eugène Onéguine, en dépit de sa parure harmonique moderne.

    En d'autres points, tout particulièrement dans l'introduction, l'ascétisme et le coloris extrême-oriental de l'orchestration justifient les options retenues par le metteur en scène, Ushio Amagatsu, qui transpose l'action de la pièce de Tchékhov au Japon.

    Si selon Peter Eötvös, l'accordéon est un instrument typique de la culture russe, la manière dont il est traité dans cette introduction évoque plutôt la sonorité du shô (orgue à bouche) ou du Hichiriki (hautbois) qu'on trouve dans le Gagaku (orchestre impérial japonais).

    Dans la mesure où le livret de Claus H. Henneberg et de Peter Eötvös lui-même est une création artistique originale et non une simple adaptation à l'opéra d'une pièce de théâtre préexistante, ces choix esthétiques, bien que rendant peu lisible l'intrigue Tchékov, apparaissent cohérents.

    Du point de vue de l'exécution, il faut regretter certaines inégalités dans la distribution. Trouver trois contre-ténors capables d'assumer les rôles principaux tient de la gageure : ici, le pari n'a pas vraiment été tenu. Conscient de cette difficulté, le compositeur a d'ailleurs réalisé une seconde version de son opéra, pour voix de femmes cette fois, qui a été présentée notamment à Düsseldorf, Freiburg-im-Breisgau et Budapest.

    Un trio inégal

    Au châtelet, des trois soeurs, c'est paradoxalement Bejun Mehta (Macha) qui a réalisé la prestation la moins discutable, alors même qu'il était indisposé et que la représentation du 6 novembre avait dû être retardée d'une demi-heure pour lui permettre de retrouver la voix. À l'inverse, ses deux partenaires, Alain Aubin (Olga) et Oleg Riabets (Irina) souffraient d'une insuffisance de moyens un peu trop flagrante (timbres serrés, manque d'agilité).

    Le rôle de Natacha, l'épouse d'André, est également dévolu à un contre-ténor, mais sollicite bien plus les talents d'acteurs que les capacités vocales de l'interprète ; Gary Boyce s'est acquitté de cette tâche en composant un personnage truculent et plein de verve.

    Au nombre des bonnes surprises de la soirée figuraient également Denis Sedov (Soliony), baryton-basse à la voix ample et d'une rare homogénéité de timbre, ainsi que l'imposant André d'Albert Schagidullin, lequel a fait valoir un sens du legato accompli dans le fameux monologue.

    Du point de vue instrumental, l'ouvrage de Peter Eötvös requiert deux orchestres, l'un dans la fosse et l'autre derrière le plateau. Placé dans la fosse, le premier était conduit par Kent Nagano tandis que le second était piloté par le compositeur en personne.

    L'effet de relief recherché avec cette double phalange n'a pas toujours été perceptible en raison de l'acoustique particulière du Théâtre du Châtelet, et seules les percussions ont véritablement eu le rendu escompté.

    Mais ceci mis à part, les musiciens du Philharmonique de Radio France ont fait preuve de discipline, de précision et de justesse, alors même qu'ils avaient à affronter une partition difficile à mettre en place. On regrettera simplement que Kent Nagano ait eu tendance à couvrir çà et là les trois contre-ténors.

    Au bout du compte, ces Trois soeurs auront permis de goûter une musique savamment élaborée et d'apprécier une mise-en-scène raffinée. Mais, ainsi représenté avec des soeurs siamoises, cet opéra a peu de chances d'éclipser la pièce de Tchekov comme les Noces de Figaro ont fait pâlir à jamais le chef-d'oeuvre de Beaumarchais.




    Théatre du Châtelet, Paris
    Le 06/11/2001
    Romain FEIST

    Reprise de l'opéra " Les Trois soeurs " de Peter Eötvös.
    Opéra en trois séquences d'après Les Trois Soeurs d'Anton Tchekhov
    Livret de Claus H. Henneberg traduit en russe par Krzysztof Wiernicki
    Créé le 13 mars 1998 à l'Opéra National de Lyon

    Orchestre Philharmonique de Radio France
    Direction musicale : Kent Nagano et Peter Eötvös
    Mise en scène, scénographie et lumières : Ushio Amagatsu
    Décors : Sayoko Yamaguchi
    Costumes : Genta Iwamura

    Avec Gary Boyce (Natacha), Alain Aubin (Olga), Bejun Mehta (Macha), Oleg Riabets (Irina), Peter Hall (Tcheboutykine), Alexei Grigoriev (Rodé), Albert Schagidullin (Andreï), Nikita Storojev (Koulygine), Wojtek Drabowicz (Verchinine), Gregor Dalal (Touzenbach), Valery Serkin (Fedotik), Denis Sedov (Soliony), Jan Alofs (Anfissa).

     


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