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CRITIQUES DE CONCERTS 26 avril 2024

Nouvelle production de Rusalka de Dvorak à l'Opéra de Lyon.

Ondine en eaux tièdes
© Gérard Amsellem

© Gérard Amsellem

Pour célébrer la prise de fonction de son nouveau directeur musical Ivan Fischer, l'Opéra de Lyon a programmé cette année un des ouvrages favoris du chef hongrois, Rusalka de Dvorak, avec le concours du metteur en scène Jean-Claude Berutti. Mais la magie de ce Conte de fées lyrique n'a pourtant pris qu'à moitié.
 

Opéra national, Lyon
Le 19/11/2001
Yannick MILLON
 



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  • Cent ans après sa création, la France connaît enfin un regain d'intérêt pour Rusalka de Dvorak. Il s'agit pourtant d'un authentique chef-d'oeuvre dont la richesse de l'orchestration évoque à merveille le monde lacustre et les légendes de Grimm et Erben. L'écriture vocale semble héritée en droite ligne des Italiens (le côté très puccinien de l'Air à la Lune), et l'efficacité dramatique n'a rien à envier à Wagner.

    Mais l'ouvrage n'est pas évident à illustrer scéniquement. Il est en effet facile de sombrer dans le figuralisme et l'imagerie naïve façon Petite Sirène, mais tirer Rusalka vers le symbolisme abstrait peut aussi conduire à l'ennui si l'on considère la lente progression de l'intrigue.

    Sans travers flagrant, la lecture un peu molle de Berutti privilégie le côté mystérieux, féérique et plastique plutôt que la psychologie des personnages. De ce fait, on ressent peu l'étau qui se resserre autour d'Ondine, et les acteurs, peu convainquants scéniquement, semblent livrés à eux-mêmes.

    On est mieux servi avec la partie musicale car Ivan Fischer fait preuve d'une lecture narrative, avec une battue souple et inspirée. On pourra tout au plus lui reprocher de privilégier l'éclat dramatique au détriment des quelques hardiesses harmoniques que recèle la partition.

    Mais il n'est guère aidé avec la sonorité fruste de l'Orchestre de l'Opéra de Lyon, particulièrement dans les innombrables passages piano et délicats. Et, est-ce l'acoustique mate du lieu ou cette idée saugrenue d'avoir posé de la moquette dans la fosse ? Toujours est-il que le son des cordes est banal, à l'égal des vents d'ailleurs, si ce n'est une flûte qui souffle sporadiquement un peu d'air frais.

    Regards implorants façon séries télé

    À l'image du reste de la production, le plateau est moyen. L'Ondine de Klaudia Dernerova manifeste certes des intentions musicales intéressantes, mais son émission est hasardeuse et la chanteuse bataille constamment avec la justesse et une intonation trop haute. Sa maladroite présence scénique n'arrange rien, surtout dans les têtes à tête avec le Prince où ses regards implorants, façon Feux de l'Amour, prêtent au mieux à sourire.

    Francisco Araiza a toujours un organe solide mais ses aigus se sont ternis et son timbre s'est durci, rendant du coup son Prince peu bel cantiste. En revanche, Hedwig Fassbender survole de très haut la distribution. Elle campe une Princesse étrangère, scéniquement écrasante et volontaire, et la voix est impressionnante de projection et de métal, à l'image d'une Eva Urbanova.

    La sorcière de Mzia Nioradze n'est pas moins probante et rendrait presque son personnage sympathique. Si ce n'est quelques sons un peu tubés, elle réussit également un bon usage de la voix de poitrine. À ses côtés, l'Ondin de Ludek Vele, voix ferme et sonore, aurait été plus éloquent avec de véritables aigus.

    Toutefois si les deux rôles principaux laissent un peu à désirer, les rôles secondaires sont souvent bien tenus, notamment les Trois Dryades de Virginie Pochon, Svetlana Lifar et Daniela Denschlag, de même que l'excellent Garde Forestier de Jan Jezek, au timbre de ténor bouffe idéal, ainsi que le Marmiton de Karine Deshayes, et le Chasseur de François Piolino, parfait de clarté et de jeunesse.

    Mais, ces qualités individuelles, pas plus que le scintillement des petites billes de verre installées sur les balcons de la salle, n'ont pas réussi à extirper cette Rusalka d'un bain d'eau tiède.




    Opéra national, Lyon
    Le 19/11/2001
    Yannick MILLON

    Nouvelle production de Rusalka de Dvorak à l'Opéra de Lyon.
    Antonin Dvorak (1841-1904)
    Rusalka, Conte de fées lyrique en trois actes (1901)
    Livret de Jaroslav Kvapil.
    Chanté en tchèque.

    Choeur et Orchestre de l'Opéra de Lyon
    Direction : Ivan Fischer

    Mise en scène : Jean-Claude Berutti
    Décors et Costumes : Rudy Sabounghi
    Eclairages : Joël Hourbeigt
    Chorégraphie : Darren Ross

    Avec Klaudia Dernerova (Rusalka), Francisco Araiza (le Prince), Ludek Vele (l'Ondin), Hedwig Fassbender (la Princesse étrangère), Mzia Nioradze (la Sorcière), Virginie Pochon (Première Dryade), Svetlana Lifar (Deuxième Dryade), Daniela Denschlag (Troisième Dryade), Jan Jezek (le Garde Forestier), Karine Deshayes (un Marmiton), François Piolino (un Chasseur).

     


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