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CRITIQUES DE CONCERTS 25 avril 2024

Concert de l'Orchestre Philharmonique de Radio-France avec le violoniste Maxim Vengerov.

Maxim et Juliette
© Teldec-Warner

Après Vadim Repin et la jeune Hilary Hahn, Maxim Vengerov était à Paris fin novembre dernier pour rappeler qu'il compte toujours parmi les plus fins archets de la jeune génération. Le temps d'un Concerto de Brahms avec le Philharmonique de Radio France, puis d'un bis au violon baroque, il a remis ses lauriers en jeu.
 

Salle Pleyel, Paris
Le 30/11/2001
Pauline GARAUDE
 



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  • Si le mot " prodige " a maintes fois été utilisé, souvent à mal escient, Maxim Vengerov, lui, mérite réellement ce qualificatif. A 27 ans, il a d'ailleurs été maintes fois comparé aux Menuhin, Heifetz et autres Oistrakh. Cependant, alors qu'il semblait en baisse de forme ces dernières années, son rival et ami Vadim Repin détient désormais une technique souveraine que Vengerov ne semble plus tout à fait en mesure de lui disputer.

    Le Concerto de Brahms en a été une nouvelle illustration. Prenant l'oeuvre à plein archet, Vengerov enrobait ses graves et peaufinait constamment le cristal de ses aiguës. Mais il aura semblé tendu et arc-bouté sur chaque note là où Repin, dans la même salle le mois précédent pour un Concerto opus 82 de Glazounov, paraissait constamment détendu et ne fournir aucun effort.

    Ici, la posture trahit le son. Celui de Repin parut plein, riche, élégant. L'archet voltigeait en souplesse, la main gauche n'a raté aucune note. Repin avait presque l'air de s'amuser à regarder le ballet endiablé de ses propres mains. À l'inverse, le son de Vengerov sembla tendu, serré, plus étroit de spectre (son Strad serait-il moins bon que celui de son compatriote ?), et toute la délicatesse d'un Chung ne fut pas de trop afin que le violon ne parut pas enseveli.

    Mais la technique du soliste révéla aussi quelques fissures. Ici, des articulations à la savonnette, là des aigus trouvés en fin de course d'un long portamento, ou encore un archet qui donne parfois plus de crin que de timbre. Pour autant, l'interprétation de Vengerov ne fut pas du tout méprisable et on se sera facilement laissé prendre par ce violon fiévreux qui pleure, crie et exulte.

    En rappel, le russe a dégainé son violon baroque le temps d'une Chaconne de Bach. Depuis sa première tentative au Théâtre des Champs-Élysées, la technique à l'archet courbe s'est affinée et le son est devenu plus généreux. La carrure rythmique est restée solide mais a gagné en souplesse. En revanche, Vengerov ne s'est pas encore affranchi d'un " tout legato " qui convient mal à Bach. On attendra quand même avec impatience son premier disque " baroque ", annoncé pour l'an prochain.

    Après l'entracte, Chung revient pour donner une version d'anthologie du Roméo et Juliette de Prokofiev, version suite orchestrale. Dès les Montaigus et Capulets, le coréen joue la carte des contrastes les plus furieux. Sur un tapis de cordes pianissimo, d'une égalité dynamique digne d'un instrument électronique (!), il lance des éclairs déflagrants jusqu'au thème épique et irrésistible dont la publicité n'a déjà que trop abusé. Ici pourtant, sa verve est rendue neuve.

    D'une noblesse jamais démentie, la direction de Chung atteint un sommet dramatique avec la Mort de Tybalt : archets électriques, scansion rythmique foudroyante, cuivres sépulcraux, bois découpés au scalpel. Mais après la violence du duel entre Roméo et le cousin de Juliette, la suavité du duo entre les amoureux ne ressort que mieux.

    Juliette se meurt. Chung l'accompagne en cultivant le mystère et la tension à force de pianissimi éthérés qui vont amener très progressivement les crescendo les plus rageurs. Tout semble canalisé au millimètre et si la phalange française n'a pas encore un son immédiatement reconnaissable, ses pianissimi devraient être déposés comme étalons au Pavillon de Breteuil (1), à l'image de cette interprétation d'ailleurs.

    (1) Le bureau international des poids et mesures.




    Salle Pleyel, Paris
    Le 30/11/2001
    Pauline GARAUDE

    Concert de l'Orchestre Philharmonique de Radio-France avec le violoniste Maxim Vengerov.
    Brahms : Concerto pour violon et orchestre en ré majeur op. 77
    Prokofiev : Roméo et Juliette, suite

    Orchestre Philharmonique de Radio France
    Myung-Wung Chung, direction
    Maxim Vengerov, violon

     


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