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CRITIQUES DE CONCERTS 28 mars 2024

Concert de l'Orchestre Philharmonique de Vienne sous la direction de Seiji Ozawa.

Noël début décembre
© Sebastian Cortes - Universal

© Sebastian Cortes - Universal

La venue à Paris de l'Orchestre Philharmonique de Vienne est toujours un cadeau. Si en plus, la direction est assurée par Seiji Ozawa et que le programme n'emprunte pas exactement les grandes avenues du répertoire symphonique, en particulier avec la 7e symphonie d'Antonin Dvorak, voilà déjà un avant-goût de Noël.
 

Théâtre des Champs-Élysées, Paris
Le 01/12/2001
Yannick MILLON
 



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  • Pour débuter, Ozawa a choisi l'ouverture du Barbier de Séville de Rossini. Si ce n'est un choix douteux quant à la version de la partition – les " Tsing-Boum " carrément pompiers de la percussion dans la mouture choisie – ce Rossini constitue déjà un présent enviable.

    Le Philharmonique de Vienne donne tout de suite les qualités qu'on lui connaît : clarté, équilibre, netteté des attaques, justesse, cordes ductiles aux staccatos très propres, basson et hautbois hautement colorés, clarinette toute en rondeur, flûte transparente et diaphane
    Ouf, la hotte va déjà déborder !

    Mais comment ne pas mentionner la générosité de Wolfgang Schulz, le flûtiste de la Philharmonie ? Karajan le décrivait déjà ainsi : " un génie dans son genre [
    ] Quand il est là, non seulement les flûtes jouent mieux, mais aussi tous les vents. "
    (1) Sa flûte sera la lumière la plus brillante du sapin.

    La même perfection instrumentale habille le Ballet Jeu de Cartes de Stravinsky. Ozawa offre une lecture très analytique d'une partition qu'il dirige par coeur et sans baguette, comme le reste du programme. Au début, il a peut-être péché par manque d'ironie et de second degré. Il se rattrapera néanmoins avec la troisième partie de la pièce, plus incisive et plus corrosive dans le jeu des citations, en particulier avec La Valse de Ravel et un écho déformé du Barbier entendu précédemment.

    Couleurs " Mittel-Europa "

    La deuxième partie du concert est toute entière occupée par la plus brahmsienne des symphonies de Dvorak, la septième. Les couleurs très " Mittel-Europa " de l'orchestre illuminent immédiatement l'oeuvre. Et si le chef japonais semble un peu trop prudent et introverti au début du premier mouvement, il déroule patiemment d'immenses et fluides guirlandes de saveurs.

    Ce ton de la prostration à la limite du silence qu'il trouve pour les dernières mesures fait retenir son souffle. Une transition idéale vers l'immense répit poétique et enneigé offert par le second mouvement.

    Dans le scherzo, Ozawa surprend en mettant en relief le moindre élément pouvant assombrir le climat. Ainsi, chaque tenue dans le grave et chaque phrasé sfumato des cordes transforment le climat nostalgique de la pièce en un moment douloureux et éploré, à l'image de la retenue lourde de sens et comme lasse donnée à la tête du thème principal, avec un phrasé de cordes en rien sautillant.

    Ozawa poursuit dans la même veine avec un finale sinistre et étrangement lent. Le plus frappant est l'utilisation permanente d'un rubato expressif qui, s'il est typiquement viennois, n'est pas en général la manière du chef nippon.

    Dans ce finale, c'est maintenant le tour des cuivres de rivaliser d'éloquence : en particulier avec des trombones aveuglants et des cors venus d'ailleurs. La fusion de ces derniers avec les violoncelles produit un son d'une plénitude jamais entendue ailleurs. Le caractère lugubre se confirme dans la coda, jusque dans un dernier accord exsangue comme au terme d'une lutte perdue d'avance, refusant le brillant artificiel si souvent entendu ici.

    Mais impossible de se quitter sur une note triste, deux bis viennois vont conclure la fête. Tout d'abord, la valse Sang viennois, toute de souplesse, de nostalgie, avec un passage en quintette à cordes d'anthologie. L'agogique souple et, encore une fois, le génial rubato d'Ozawa donnent tout simplement envie de tanguer entre les fauteuils du Théâtre des Champs-Élysées.

    Mais personne n'a assez d'espace pour danser
    sauf Ozawa lui-même qui fait des pirouettes, des bonds et dirige en bas de son estrade la Polka rapide Les caqueteuses. La fameuse crécelle et le pied de nez du hautbois provoquent sans coup férir l'hilarité. Un avant-goût très alléchant du Concert du Nouvel An qu'il va diriger le 1er janvier prochain.



    (1) Richard Osborne : Entretiens avec Karajan.




    Théâtre des Champs-Élysées, Paris
    Le 01/12/2001
    Yannick MILLON

    Concert de l'Orchestre Philharmonique de Vienne sous la direction de Seiji Ozawa.
    Gioacchino Rossini : Ouverture du Barbier de Séville
    Igor Stravinsky : Jeu de Cartes, ballet en trois donnes
    Antonin Dvorak : Symphonie n°7 en ré mineur, op.70

    Orchestre Philharmonique de Vienne
    direction : Seiji Ozawa

    Le concert sera diffusé le samedi 22 déc à 9h sur France Musiques.

     


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