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CRITIQUES DE CONCERTS |
08 février 2025 |
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Nouvelle production de La Khovantchina de Modeste Moussorgski à l'Opéra de Paris.
Sage comme un livre d'images
© Eric Mahoudeau
La nouvelle production de La Khovantchina est l'occasion d'un nouveau débat dans les colonnes d'Altamusica. Alors que Françoise Malettra a loué sans réserve le spectacle, Gérard Mannoni, qui apprécie également l'ensemble, émet quelques réserves.
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On ne peut que se féliciter de voir enfin revenir en langue russe cette somptueuse partition au répertoire de l'Opéra national de Paris. Œuvre austère, voire par instants aride malgré l'orchestration chatoyante de Chostakovitch, La Khovantchina est finalement l'une de ces grandes lamentations du peuple russe s'apitoyant sur son propre sort et sur le destin sans cesse tragique de son pays.
Moins social et politique que Boris Godounov, plus mystique mais correspondant aussi à l'une des constantes de l'âme russe, la Foi, cette oeuvre vaut beaucoup plus par la puissance formidable de l'écriture vocale de Moussorgki que par la force dramatique de ses personnages ou par la structure du livret, finalement assez compliquée.
Certes, il y a une belle opposition entre l'univers calme et intérieur de Dosifei et des Vieux croyants et celui brutal, impulsif, coloré, des princes comploteurs et de leurs sujets. Cet affrontement est fort bien rendu ici par la sobre mise en scène d'Andrei Serban qui, pour une fois, s'occupe réellement de conter l'histoire contenue dans le livret.
On est même surpris par tant de fidélité au texte et à sa lettre. Même décors et costumes sont également au diapason du plus grand respect, ces derniers n'ayant que pour inconvénient de réduire une fois encore la profondeur de la scène de l'Opéra Bastille à celle d'un écran plat de télévision.
Hormis Robert Carsen dans Les Contes d'Hoffmann, personne ne semble oser ici déployer les masses sur plus de quelques mètres à l'avant-scène. Problème d'acoustique, sans doute. La distribution réunie ici part Hugues Gall est somptueuse, sans la moindre faiblesse, une pléiade d'immenses voix, sonores mais musicales, parfaitement menées.
James Conlon emporte aussi l'adhésion, même si on peut imaginer une direction parfois moins retenue vers la fin. Mais il sait trouver une vaste palette de couleurs, et tient bien en main les choeurs, ici irréprochables.
Il est certain que ce type de production bien sage comme un livre d'images nécessitera toujours de tels éléments musicaux pour tenir la distance au fil des années, mais on aime vraiment mieux voir Ivan Khovanski sur sa drôle de petite charrette réaliste que Lucia de Lamermoor faisant de la balançoire dans une caserne.
Lire également le point de vue de Françoise Malettra.
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Opéra Bastille, Paris Le 10/12/2001 Gérard MANNONI |
 | Nouvelle production de La Khovantchina de Modeste Moussorgski à l'Opéra de Paris. | Drame musical populaire en 5 actes
Livret du compositeur et de Vladimir Stassov,
Orchestration de Dimitri Chostakovitch
Choeurs et orchestre de l'Opéra National de Paris
Direction musicale : James Conlon
Mise en scène : Andrei Serban
Décors et costumes : Richard Hudson
Chorégraphie : Laurence Fanon
Avec Vladimir Ognovenko (Prince Ivan Khovanski), Vladimir Galouzine (Prince Andrei Khovanski), Robert Brubaker (Prince Vassili Golitsine), Valeri Alexeev (Chakloviti), Anatoli Kotcherga (Dosifei), Larissa Diadkova (Marfa), Irina Rubtsova (Suzanna), Konstantine Ploujnikov (Le clerc), Tatiana Pavlovskaya (Ella), Evgueni Polikanin (Varsonofiev), Leonid Bomstein (Kouzka), Wassyl Slipka (Strechniev), Igor Matioukhine (premier Strelets), Wojtek Smilek (deuxième strelets), Grzegorz Staskiewicz (un confident de Golitsine). |  |
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