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CRITIQUES DE CONCERTS 04 octobre 2024

Cantates de Haendel à la Cité de la musique avec René Jacobs et le Freiburger Barockorchester.

Passion Ă©conome
© Eric Sebbag

© Eric Sebbag

Ces dernières années, René Jacobs a affirmé l'une des plus séduisantes fibres haendéliennes qui soit, notamment avec une Aggripina d'anthologie au Théâtre des Champs-Élysées. Début décembre, le temps d'un concert à la Cité de la Musique, il défendait à nouveau le compositeur loin des sentiers obligés du Messie.
 

Cité de la Musique, Paris
Le 08/12/2001
Christelle CAZAUX
 



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  • Inscrit dans le cycle des Figures de la Passion, le programme rĂ©unissait deux cantates profanes composĂ©es lors du sĂ©jour italien de Haendel. ÂŚuvres de jeunesse donc, mais qui contiennent dĂ©jĂ  tous les ingrĂ©dients du style de la maturitĂ©, et dont les airs redoutables seront quasiment tous rĂ©utilisĂ©s par la suite.

    L'acoustique un peu sèche de la salle de concerts de la Cité de la musique n'est pas celle d'un théâtre. Et, sans décors ni mise en scène, l'attention se concentre inévitablement sur la prestation des chanteurs.

    Veronica Cangemi surmonte les vertigineuses vocalises écrites par Haendel dans Il Delirio amoroso avec plus d'application que de virtuosité. Bien que plus à l'aise dans le chant legato, la voix reste mince ce soir-là, le timbre un peu incolore et la diction approximative. Incapable de donner véritablement corps à un texte et une musique pour le moins exaltés, la soprano argentine n'a livré qu'une peinture assez délavée de la passion amoureuse.

    Cangemi semblait heureusement plus inspirée dans Apollo e Dafne, et son chant a gagné en expressivité dans la deuxième partie du concert. À ses côtés, Lorenzo Regazzo en faisait presque trop, physiquement comme vocalement, rendant son incarnation d'Apollon quelque peu emphatique. Mais la voix est ample, le timbre engageant - quoique légèrement engorgé dans le grave - et la diction claire.

    Le duo vocal a fonctionné tant bien que mal, sous la direction énergique mais un peu rigide de Jacobs, qui ne laissait pas toujours respirer ses chanteurs. Néanmoins le chef belge sait rendre à Haendel une vitalité irrésistible que les musiciens du Freiburger Barockorchester portent avec l'enthousiasme dont ils sont coutumiers.

    On aura néanmoins relevé quelques petits problèmes de justesse et une sonorité très mate, surtout du côté des cordes. Dans les passages solos, on eût aussi apprécié un violoncelle un peu moins râpeux. Heureusement, la petite harmonie, très sollicitée, offrait une palette de couleurs plus généreuse.

    En guise d'intermède entre les deux cantates, on a pu entendre le concerto pour orgue n° 4, un petit bijou musical finement ciselé. Malgré quelques fausses notes dans l'allegro, le jeu plein d'humour et de fraîcheur de Nicolau de Figueiredo fut le seul quart d'heure nourrissant de cette soirée sous le signe d'une Passion un peu trop économe.




    Cité de la Musique, Paris
    Le 08/12/2001
    Christelle CAZAUX

    Cantates de Haendel à la Cité de la musique avec René Jacobs et le Freiburger Barockorchester.
    Georg Friedrich Haendel : Il Delirio amoroso, Concerto pour orgue n° 4 en ré mineur, Apollo e Dafne

    Veronica Cangemi, soprano
    Lorenzo Regazzo, baryton
    Nicolau de Figueiredo, orgue
    Freiburger Barockorchester, direction : René Jacobs

     


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