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CRITIQUES DE CONCERTS |
10 février 2025 |
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Concert de l'Orchestre Symphonique de Tbilissi – Géorgie sous la direction de son chef Djansug Kakhidzé et l'altiste Yuri Bashmet.
Blizzard russo-géorgien
D.R.
Né des cendres de l'ancien Orchestre National de Géorgie, l'Orchestre Symphonique de Tbilissi – Géorgie faisait escale à Paris samedi dernier pour sa tournée européenne d'hiver. Il était dirigé par son chef titulaire Djansug Kakhidzé auquel il doit sa réputation désormais internationale.
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À 65 ans, Djansug Kakhidzé ressemble à un homme tranquille. Regard d'acier qui porte loin devant lui, il dirige avec une périlleuse économie de moyens, les bras collés au corps, sans excessive ampleur du geste, en jouant essentiellement du poignet et des mains avec, il est vrai, une certaine efficacité.
Il entame le concert avec un Till Eulenspiegel où la dimension fantasque paraît absente et l'orchestre trop souvent cloué au sol. Il enchaîne avec la 2e symphonie de Rachmaninov, mal aimée des spécialistes pour délit de " mauvais goût ", mais adorée du public.
Ici au contraire, l'orchestre fait montre du romantisme le plus débordant. Il a en effet repris puissance et couleur, déroule de beaux effets de clair–obscur dans le mouvement lent et une effusion mélodique à laisser rêveur. Une potion aussi ennivrante qu'un alcool russe avec plein de degrés.
Mais le moment fort, très fort de la soirée, on le doit à l'altiste Yuri Bashmet dans le concerto pour alto de Bartok. Il s'agit de l'une des dernières oeuvres du compositeur, laissée à sa mort à l'état de feuillets épars, et dont la reconstitution reste une hypothèse, seulement une hypothèse. Raison suffisante pour que le soliste y apporter une bonne dose d'imagination. Bashmet n'a pas lésiné.
Mèche brune à tous vents, mince, nerveux, l'allure d'un tzigane de luxe, Bashmet entre en scène en bondissant et attaque. Immédiatement, on est captivé par cette sonorité généreuse, cette tension qui ne relâche jamais, comme si dans la première note sonnait déjà la dernière, survolant en souplesse les brusques ruptures de tempo, laissant passer la liesse de brèves danses populaires, où la sombre mélancolie du sublime adagio religioso.
Quoiqu'on en dise, le dialogue entre un soliste et un orchestre relève d'une chimie mystérieuse où une même formule complice ne fonctionne pas toujours deux fois de suite. Ce soir-là en tout cas, le Russe et les Géorgiens avaient retrouvé une communauté de destin, du moins l'espace d'un concerto en forme de blizzard féerique.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 15/12/2001 Françoise MALETTRA |
 | Concert de l'Orchestre Symphonique de Tbilissi – Géorgie sous la direction de son chef Djansug Kakhidzé et l'altiste Yuri Bashmet. | Richard Strauss : Till Eulenspiegel
Bela Bartok : Concerto pour alto et orchestre
Serge Rachmaninov : Symphonie n° 2 en mi mineur opus 27 |  |
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