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CRITIQUES DE CONCERTS 27 avril 2024

Deux concerts du cycle des " Figures de la Passion " à la Cité de la Musique.

Lumières sur la Cité
© Naïve

Alors que l'exposition picturale des " Figures de la Passion " de la Cité de la Musique explore la fascination des peintres français de la période baroque face à l'expression et la codification des diverses passions humaines, une programmation musicale éclairée a tenté de lui donner un écho plus ou moins figuratif.
 

Cité de la Musique, Paris
Le 16/12/2001
Juliette BUCH
 



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  • Les passions diffèrent-elles si elles sont profanes ou sacrées ? À une semaine d'intervalle, les concerts de la Cité de la Musique auront peut-être permis de se faire une religion.

    Avec les trois cantates Judith d'Elisabeth Jacquet de la Guerre, La Mort de Didon de Michel Pignolet de Montéclair, et Orphée de Jean-Philippe Rameau, on découvre les mêmes combinaisons de récitatifs et de scènes brillantes, où s'expriment ardeurs, furies, frénésies mais aussi afflictions ou peines.

    Excepté Judith, qui célèbre la vaillance et le courage de la vierge hébraïque délivrant son peuple en décapitant Holopherne, les cantates La Mort de Didon et Orphée sont proches d'inspiration dans la mesure où elles traitent de la passion amoureuse et de ses alternances de joies et de douleurs.

    De passion, Isabelle Poulenard n'en a jamais été avare, mais elle n'a longtemps eu qu'un timbre plutôt mince, tranchant et parfois même assez aigre pour la soutenir. Heureuse surprise le 9 décembre dernier, sa voix s'est arrondie avec le temps, particulièrement dans le médium, elle a nettement gagné en rondeur et en charme.

    Musicienne rompue à tous les styles, du baroque au contemporain, la soprano a défendu les tragiques héroïnes dans leur inventaire vertigineux des passions humaines avec expression et nuances, comme une véritable actrice de théâtre.

    Particulièrement souple, l'accompagnement réalisé par Daniel Cuiller, Christine Plubeau, et Laurent Stewart n'a jamais laissé la chanteuse esseulée entre deux notes. Ils n'ont d'ailleurs pas démérité dans les espaces purement instrumentaux qui leur étaient ménagés : à savoir la Suite pour clavecin n° 3 en ré mineur de Jean-Henri d'Anglebert et la Pièce de clavecin en concert n° 2 de Jean-Philippe Rameau.


    Ténèbres sur la Cité

    Changement d'atmosphère la semaine suivante avec les Leçons de Ténèbres de François Couperin défendues par Gérard Lesne et son Seminario Musicale.

    Lancée anciennement en Italie, la mode des " Lamentations " et autres " Ténèbres " s'est développée en France principalement au cours de la seconde moitié du XVIIe siècle. Liturgies de la semaine sainte, elles étaient caractérisées par un saisissant mélange des grâces du chant français avec " agréments ", et tous les charmes du chant italien avec ses retards, ses suspensions de notes, ses dissonances, ses intervalles disjoints.

    Tout est mis en oeuvre pour donner à la musique un caractère dramatique, le texte proprement dit des lamentations étant traité souvent de manière beaucoup plus sobre, sous forme de récitatif. L'angélisme de Gérard Lesne convient-il à cette haute expression tragique ? Oui car il sait jouer de sa propre fragilité comme d'un élément théâtral à part entière.

    De plus, sa voix a retrouvé un peu de la lumière qui lui faisait défaut ces dernières années, et son interprétation a sensiblement mûri depuis son enregistrement (Virgin) au dolorisme un peu figé. Paradoxalement et malgré le déluge d'ornements de la partition, Lesne réussit un travail d'épure, tout en intériorité et en élans mystiques. Ses partenaires furent au diapason.

    Ensemble, ils ont fait du chef-d'oeuvre de Couperin une leçon de lumière, à l'image de la performance d'Isabelle Poulenard une semaine non-sainte plus tôt.




    Cité de la Musique, Paris
    Le 16/12/2001
    Juliette BUCH

    Deux concerts du cycle des " Figures de la Passion " à la Cité de la Musique.
    Dimanche 9 Décembre

    Elisabeth Jacquet de la Guerre : Judith
    Jean-Henri d'Anglebert : Suite n° 3 pour clavecin en ré mineur
    Michel Pignolet de Montéclair : La Mort de Didon
    Jean-Philippe Rameau : Pièce de clavecin en concert n° 2, Orphée

    Isabelle Poulenard, soprano
    Daniel Cuiller, violon
    Christine Plubeau, viole de gambe
    Laurent Stewart, clavecin


    Dimanche 16 décembre

    François Couperin : Office des Ténèbres du Mercredi Saint

    Gérard Lesne, Carlos Mena, hautes-contre
    Jacques Bona, basse-taille

    Il Seminario Musicale :
    Bruno Cocset, basse de violon
    Pascal Monteilhet, théorbe
    Jean-Charles Ablitzer, orgue

     


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