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CRITIQUES DE CONCERTS 19 mars 2024

Reprise de Tosca de Giacomo Puccini à l'Opéra de Paris dans la production de Werner Schroeter.

Tosca lasse ?
© Eric Mahoudeau

© Eric Mahoudeau

Ce mois-ci, l'Opéra de Paris reprend Tosca. On se souvient l'an passé de la radieuse prestation de Sylvie Valayre dans cette même mise en scène de Werner Schroeter. Cette année, la Française revient en alternance avec la Roumaine Nelly Miricioiu dont la réputation de " Callas avec la technique en plus " méritait une attention particulière.
 

Opéra Bastille, Paris
Le 11/01/2002
Françoise MALETTRA
 



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  • Peu de personnages d'opéra incarnent avec autant de force le frisson de la féminité triomphante que celui de Floria Tosca. Seules des interprètes d'exception peuvent le faire vivre, et quand elles y parviennent, laisser un souvenir durable.

    Et le disque lui-même ne peut l'entretenir qu'imparfaitement, tant la partition de Puccini en appelle au théâtre dans son expression la plus pure. Tosca doit investir l'espace de sa présence, et Puccini ne lui fait grâce d'aucun geste, d'aucune attitude, d'aucun regard, qui ne soit intimement lié à la musique.

    À l'occasion de cette reprise d'une production qui date déjà de 1994, la Roumaine Nelly Miricioiu faisait son retour à Paris dans le rôle titre, devant un public qui visiblement ne l'avait pas oubliée. Diva, elle l'est, mais elle ne possède ni l'allure, ni l'éclat du personnage.

    La voix est belle, souvent très belle, plus " technique " qu'inspirée, et on le sent dans le premier acte, où elle semble manquer de ressources pour passer du registre de la passion à ceux de la jalousie, de la colère, du charme et de la séduction.

    C'est sans doute le magnifique Scarpia de Lado Ataneli qui, au deuxième acte, l'aide à se révéler au meilleur d'elle-même. Ensemble, ils réussissent presque à faire frissonner, et le Vissi d'arte tant attendu fut le grand moment d'opéra que l'on espérait. Elle n'a aucun mal à dominer le final, face à Fabio Armiliato, dont l'incontestable vaillance manque cruellement de finesse.

    Finalement, le miracle n'a pas eu lieu et quoi qu'il en soit du travail des chanteurs, on peut craindre que cette mise en scène figée et vieillie de Tosca lasse.



    Le cas Miricioiu

    En venant écouter cette Floria Tosca au nom imprononçable, le public parisien avait peut-être en mémoire la prestation de Nelly Miricioiu dans Violetta, rôle périlleux certes, mais qui convient bien à la haute maîtrise technique de la soprano roumaine.

    Avec Tosca, le sens de la voltige n'est pas réellement indispensable, même si une artiste rompue aux pratiques belcantistes peut assurément apporter à la cantatrice jalouse un surcroît de raffinement (le contraire d'une Maria Guleghina). Qu'en est-il ici ?

    Miricioiu affronte la partition avec une honnêteté absolue, ayant dans la gorge toutes les notes nécessaires. Soucieuse (trop soucieuse ?) de raffinement, la chanteuse manque parfois de cette immédiateté qui permet aux grandes détentrices du rôle d'incendier une salle (ce qu'une Sylvie Valayre fait si bien), peu aidée en cela par un jeu scénique certes un peu suranné.

    Mais surtout, il y a cet énorme problème qui poursuit la soprano depuis le début de sa carrière : Nelly Miricioiu, de par son timbre, voire son phrasé, évoque le souvenir de Maria Callas aux oreilles des mélomanes. Certes avec un gabarit vocal moindre, mais il est significatif de lire dans la presse spécialisée, surtout anglo-saxonne, des formules du genre " une Maria Callas avec la technique en plus ".

    Faut-il y voir la raison de l'accueil plus que froid que le public lui a réservé, quelques huées à l'appui ? Une telle réaction est assurément injuste, au vu de la prestation de Miricioiu, mais toucher à l'Idole (et quelle Idole), dans la mythologie lyrique de notre siècle, n'est pas sans danger ; même à l'insu de son plein gré.

    Yutha Tep




    Lire aussi un entretien avec l'artiste




    Opéra Bastille, Paris
    Le 11/01/2002
    Françoise MALETTRA

    Reprise de Tosca de Giacomo Puccini à l'Opéra de Paris dans la production de Werner Schroeter.
    Orchestre et choeurs de l'Opéra National de Paris
    Direction musicale : Maurizio Benini
    Mise en scène : Werner Schroeter
    Décors et costumes : Alberte Barsacq

    Avec Nelly Miricioiu (Floria Tosca), Fabio Armiliato (Mario Cavaradossi), Lado Ataneli (Scarpia), Wojtek Smilek (Cesare Angelotti), Christian Jean (Spoletta), Alfredo Mariotti (Il Sagrestano).

     


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