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CRITIQUES DE CONCERTS |
14 octobre 2024 |
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On attendait avec impatience cet opéra unique en son genre, fresque démesurée à la mesure du chef-d'|uvre romanesque de Tolstoï qui l'a inspirée. Il me semble ne pas me tromper en disant que l'on aurait dû voir, à l'Opéra Bastille, le spectacle présenté en 1991 au Kirov de Leningrad dirigé par le flamboyant Valéry Gergiev, et mis en scène par l'Anglais Graham Vick, co-production avec le Covent Garden de Londres oblige (fort heureusement, Philips a enregistré ces soirées en audio et en vidéo).
Mais le temps a passé, et aujourd'hui ce sont Gary Bertini et Francesca Zambello les maîtres d'oeuvre de cette nouvelle production. Ni l'un, ni l'autre, d'ailleurs, ne déchaînent l'enthousiasme. Le premier est un chef sans grande imagination, et dont la direction pèse des tonnes, à tel point que l'on se réjouit presque des coupures pratiquées (une bonne demi-heure). Quant à Francesca Zambello, on sait depuis longtemps qu'il ne faut pas attendre de sa part la moindre innovation ; mais, visiblement, ce travail de simple illustration satisfait un public qui n'aime pas être dérangé. Aucune vision personnelle, aucune direction d'acteurs, de l'image, seulement de l'image.
Vocalement, en revanche, le plaisir est indéniable. Les choeurs, placés sous la tutelle de David Lévy, sont superbes. Et le plateau de solistes rassemble quelques personnalités de premier plan, que ce soit Elena Zaremba, Hélène au timbre pulpeux, Anatoli Kotcherga, Koutouzov d'une indiscutable présence, Nathan Gunn, prince André qui compense un certain manque de projection par une réelle émotion, Robert Brubaker, troublant Pierre Bezoukhov, et surtout Olga Goriakova, Natacha passionnée à la voix longue, mordante, au charme piquant. Une véritable héroine de roman, que Tolstoï n'aurait pas désavouée, et une révélation dont on se souviendra.
Avec de tels interprètes, il est évident qu'on regarde le spectacle avec de tout autres yeux. Mais quand même, on pouvait espérer davantage, ce qui eût été possible avec un autre chef et un metteur en scène plus inspiré.
Lire l'avis opposé de Antoine Livio
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Opéra Bastille, Paris Le 08/03/2000 Michel Parouty |
| La Guerre et la Paix à l'Opéra Bastille | Direction : Gary Bertini.
Mise en scène : Francesca Zambello.
Avec : Olga Gouriakova (Natacha Rostov), Nathan Gunn (le prince André), Robert Brubaker (Pierre Bezoukhov), Elena Zaremba (Hélène Bezoukhova), Anatoli Kotcherga (Koutouzov). | |
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