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CRITIQUES DE CONCERTS 26 avril 2024

La Folle journée de Nantes du 25 au 27 janvier 2002.

Josef contre Wolfgang :
un match de folie

Huit ans après sa création, la " Folle journée " de Nantes rend un nouvel hommage à Mozart, lui adjoignant cette fois un compagnon à sa hauteur : Josef Haydn. Mais pour pimenter, l'organisateur René Martin a carrément misé sur un " match ", idée illustrée par le livre commandé au musicologue Marc Vignal, le véritable manifeste de l'événement nantais.
 

Cité des Congrès, Nantes
Le 27/01/2002
Michel PAROUTY
 



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  • Haydn et Mozart. Des destins croisés et soudés par une solide affection et une admiration mutuelle, en dépit de la rareté des rencontres, mais le mélomane qui se risque à passer le seuil de la Cité des Congrès ne retiendra d'abord que ses éternelles frustrations devant l'inévitable problème : que choisir ?

    Comme d'habitude, les concerts sont nombreux (167, sans compter les gratuits, sous le hall central), la qualité exemplaire, les interprètes sélectionnés parmi les meilleurs. À chacun de prendre ses risques, de préférer la musique de chambre à la symphonie, de contourner les monuments (elle était bien tentante, pourtant, cette Création de Haydn dirigée par Marcus Creed) pour aller vers les raretés.

    Il y aura, certes, quelques déceptions, les Festetics, dont le premier violon joue si faux qu'on ne peut supporter qu'un quatuor de Haydn, l'English Chamber Orchestra, dont on cherche en vain la personnalité ; ce n'est pourtant faute d'être dynamisé par Ralf Gothoni, passé, pour l'occasion du clavier à la baguette.

    L'insolite est au rendez-vous. Philippe Pierlot ressuscite le baryton, cet instrument fort prisé par Nikolaus Esterhazy ; à ses cordes de boyau s'en ajoutent d'autres, en acier, qui vibrent par sympathie. Les trios que lui consacre Haydn sont d'une réconfortante fraîcheur. Et lorsque s'y ajoutent quelques mélodies écossaises, que Susan Hamilton détaille de sa voix acidulée, au charme enfantin, le pittoresque n'a plus de prix.

    Christophe Coin et son Ensemble baroque de Limoges ont, eux, choisi des transcriptions de symphonies, seul moyen, dans les siècles passés, de faire découvrir des oeuvres à un public qui n'avait pas accès aux grandes formations. Le propos est sympathique, l'interprétation, joviale, les parisiens en avaient eu la primeur l'an passé aux Midis du Châtelet.

    Avec Marie-Josèphe Jude, Frank Braley, Jean-François Heisser, l'école française de piano occupe une place enviable. Alain Planès la domine, un rien déconcertant dans un 9e Concerto de Mozart enlevé avec une virilité presque trop affirmée, frisant la sécheresse, assombrissant à l'extrême un mouvement lent déjà poignant, mais toujours aussi inventif dans Haydn, où une idée n'attend pas l'autre sans rien enlever à la perfection de la forme.

    Que des Prazak en état de grâce déchaînent l'enthousiasme dans deux quatuors de Haydn n'a rien de surprenant, la beauté du son n'a chez eux d'égale que l'intensité de l'expression.

    Mais il faut aussi compter avec les révélations. Annette Dasch, soprano au timbre clair et fruité, illumine le Laudate Dominum des Vêpres d'un confesseur que dirige sagement mais efficacement Peter Neumann. Quant au jeune clarinettiste Roman Guyot, dans le quintette (avec le Quatuor Lindsay, pas toujours irréprochable mais d'un charme fou) et le concerto (avec l'English Chamber et Gothoni), il est l'une des vrais triomphateurs de ces journées, musicien scrupuleux mais surtout véritable poète.

    Reste la question finale : entre Josef et Wolfgang, qui a gagné ? L'observation de l'affiche (Mozart décapité) donne un indice que la lecture de Marc Vignal (1) confirme : c'est Haydn qui l'emporte (si, si !). Mais à l'issue de trois jours d'un match de folie, on a juste remporté un solide mal de tête, et, malgré cela, une folle envie de recommencer l'année prochaine (2) ; car l'essentiel n'est-il pas de participer ?


    (1) Marc Vignal, " Haydn et Mozart ", Editions Fayard, Collection les Chemins de la musique, 220 pages.

    (2) L'édition 2003 porte, pour l'instant, un titre provisoire, " de Monteverdi à Vivaldi ". Succès oblige, on parle d'une soirée supplémentaire. Et la " Folle Journée " 2002 se déplacera, au printemps prochain, à Bilbao et à Lisbonne.




    Cité des Congrès, Nantes
    Le 27/01/2002
    Michel PAROUTY


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