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CRITIQUES DE CONCERTS |
04 octobre 2024 |
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RĂ©cital des Demoiselles de
au Théâtre du Palais-Royal.
Soeurs jumelles de gosier
© Eric Sebbag
Arrosée d'un filet de lumière, plantée devant un long piano noir façon cercueil de première classe, telle est la cantatrice dans l'exercice du récital. Deux jeunes chanteuses ont choisi d'écorner le tableau pour un concert mis en scène et improvisé avec les armes de la comédie musicale : Claire Brua et Sophie Marin-Degor.
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Respectivement mezzo et soprano, Claire Brua et Sophie Marin-Degor se sont d'abord distinguées dans le circuit baroque, notamment aux côtés des Arts Florissants. Par la suite, on les a entendues s'émanciper du côté de Mozart, Rossini et le vaste répertoire des mélodies françaises.
Aujourd'hui, elles sont artistes à part entière capables d'affronter toutes les scènes lyriques. On se souvient en particulier de la Mélisande ou de la Renarde de l'une, ou de la Metella (Offenbach) et de la Rosine de l'autre.
Désormais, les deux chanteuses s'associent sous un nom à la Jacques Demy : " Les Demoiselles de... " De quoi au juste ? Leur concert du mois dernier au Palais-Royal en donnait la teneur. Manifestement, ces soeurs jumelles du gosier sont nées sous le signe des feux de la rampe. Sans coïncidence aucune, elles ressemblent physiquement aux soeurs Dorléac (le duo mythique Catherine Deneuve et François Dorléac).
Dans le décor d'une pièce de Feydau, Monsieur Chasse !, elles ont improvisé une véritable scénographie pour enchaîner un programme souvent périlleux composé d'authentiques " tubes " lyriques : ici un Una voce poco fa du Barbier de Séville, là un Dove sono des Noces de Figaro, sans parler de Gounod (Je veux vivre dans ce rêve) ou de Massenet (l'Air des Larmes de Charlotte).
À côté des pages célèbres, les duettistes ont offert des moments plus rares, avec des mélodies rossiniennes extraites des Soirées musicales, ou les Nocturnes de Donizetti, le tout formant cependant un ensemble vocalement exigeant.
Mais pour désarmocer la difficulté, le sérieux ou l'affliction obligés de certains airs, les intermèdes comiques des deux palatines de la glotte furent royaux. Armé de son modeste crapaud, d'une écharpe rouge rebelle et d'une barbe de deux jours, le pianiste Serge Cyferstein ne manqua pas de contribuer.
D'ailleurs, le sens du théâtre ne s'arrêtait au seuil des partitions car l'on a vu et entendu des Donizetti à désopiler les plus austères. Non que les gags où les idées furent complètement neuves, mais le simple décalage d'avec le rituel compassé du concert suffisait.
Acoustique sans retour
Dans l'acoustique impitoyable du Palais Royal, les chanteuses ont d'abord concentré leurs efforts sur le soutien du son, non sans succès, démontrant une projection fort appréciable ; surtout Sophie Marin-Degor, au détriment ponctuellement de la variété des couleurs, mais pouvait-on le lui reprocher ?
Malgré quelques problèmes de registre et des aigus un peu serrés, dus pour beaucoup à une trachéite, Claire Brua a crânement surmonté les écueils redoutables de Rosine et du Sesto mozartien (Parto, parto de La Clémence de Titus), composant ensuite une Charlotte digne et néanmoins poignante.
Sophie Marin-Degor n'a pas été moins convaincante, avec une voix charnue et des pianos dans l'aigu très bien maîtrisés, séduisant par ailleurs par une fraîcheur permanente, notamment dans l'air de la Comtesse alors que celui de Juliette accusait un début de fatigue.
Réunies au fil des pages, les deux timbres ont montré une indéniable complémentarité gémellaire : mention spéciale, en ce domaine, dans le duo de Sita et Kaled du rare Roi de Lahore de Massenet. Enfin, vec le nom qu'elles se sont choisies, impossible de manquer un dernier bis avec du Michel Legrand, et un final où les deux donzelles sautèrent d'un seul séant sur le piano.
Après cela, comment oublier des demoiselles d'aussi bonne compagnie ?
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Théâtre du Palais-Royal, Paris Le 21/01/2002 Isabelle APOSTOLOS |
| RĂ©cital des Demoiselles de
au Théâtre du Palais-Royal. | Gioacchino Rossini : La Regata Veneziana, La Pesca, Una Voce poco fa
Wolfgang Amadeus Mozart : Ah guarda sorella, E Suzanna non vien
Dove sono, Parto, parto, Ah perdonna al primo affetto
Charles Gounod : Par une belle nuit, je veux vivre dans ce rêve
Jules Massenet : Va, laisse-les couler ! O Funeste présage
C'est le soir, la brise pure
Gaetano Donizetti : Il Giuramento, L'Aurora, L'Alito di Bicie, Amor, voce del Cielo, un Guardo ed una Voce, I Bevotori. | |
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