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CRITIQUES DE CONCERTS 07 octobre 2024

RĂ©cital du pianiste Piotr Anderszewski Ă  la tĂŞte de l'Orchestre Sinfonia Varsovia.


Piotr Anderszewski
en grand chelem

© Emi Classics

Un trimestre s'est écoulé depuis son dernier récital au Théâtre de la Ville, Piotr Anderszewski y revient avec son Steinway mais aussi en tant que chef. C'est avec un ensemble de chambre polonais de plus de vingt musiciens que ce jeune trentenaire est venu exercer son nouveau magistère, fin janvier dernier, peu avant la Folle Journée.
 

Théâtre de la Ville, Paris
Le 22/01/2002
Jacques DUFFOURG
 



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  • Folle journĂ©e oblige, Piotr Anderszewski a optĂ© pour un programme Mozart-Haydn qui dĂ©bute par la Jupiter du premier. Cette ultime et grandiose symphonie, il ne l'invoque pas avec une solennitĂ© mĂŞlĂ©e d'effroi et de componction comme cela arrive souvent. Il rĂ©ussit au contraire un Ă©quilibre serein façon luxe, calme et voluptĂ©, jamais mièvre ni empesé ; une plĂ©nitude naturelle oĂą l'on est d'abord captĂ© par la transparence des cordes du Sinfonia Varsovia.

    Sans habit de circonstance, vêtu d'une sobre tenue noire (pull sur pantalon), Piotr Anderszewski dirige à mains nues. Toujours attentive aux points d'articulations, sa conduite se caractérise par la souplesse du tempo mais aussi par une approche dynamique qui renouvelle une Jupiter que tout le monde a forcément dans l'oreille ; par exemple avec un pianissimo sur la première mesure.

    Dans un Minuetto qui file à toute allure, il se garde de trop scander les temps forts. Exactement le contraire du Finale, mais dans la coda, les interventions des cuivres ne sont jamais tonitruantes ni péremptoires.

    Ainsi, Anderszewski évite aussi bien la pétarade que le passe-partout motorique de quelques-uns de ses collègues aux instruments très verts. En revanche, il devra lui aussi mûrir un peu afin que ses intermèdes en mineur soient davantage empreints de questionnement.

    En choisissant l'ultime chef-d'oeuvre symphonique de Mozart, le polonais donnait déjà une idée de ses ambitions. On n'allait pas déchoir avec le non moins fameux 24° Concerto pour clavier en ut mineur dont l'énigmatique splendeur n'a jamais livré toutes ses clés.

    Loin d'en donner de nouvelles, le pianiste va au contraire s'employer à en épaissir le mystère en même temps qu'il évacue le pathos. Diriger du clavier n'est pas exercice facile, Anderszewski se refuse pourtant à laisser son orchestre ronronner, sollicitant sans relâche la petite formation varsovienne afin qu'elle égale son toucher ciselé, velouté, tendre et raffiné parfois jusqu'à sculpter aussi des silences signés Mozart, comme chacun sait.

    Les intermèdes à entrelacs du Larghetto central révèlent une délicieuse mélancolie, alors que les cadences du pianiste sont brillantes comme il se doit, mais brèves, denses et rudes. Les lignes sont pétries de confidence mozartienne, et, par-delà Perahia, Anderszewski semble fait révérence à Clara Haskil.

    La conclusion du concert est laissée à un 11° Concerto pour clavier de Joseph Haydn teinté d'esprit " Mittel-Europa ", avec un Rondo all'Ungarese qui n'est pas pour déplaire à un Anderszewski, hongrois par sa mère. Dans ce mouvement finale virtuose, syncopé et jubilatoire, le chef-pianiste bondissant mais rigoureux se livra à une véritable partie de tennis avec l'orchestre.

    Dans les mouvements précédents, à notes plus feutrées, on aurait plutôt dit une séance de badminton. Mais au volant comme à la balle, Anderszewski s'est d'emblée montré digne de concourir en grand chelem.




    Théâtre de la Ville, Paris
    Le 22/01/2002
    Jacques DUFFOURG

    RĂ©cital du pianiste Piotr Anderszewski Ă  la tĂŞte de l'Orchestre Sinfonia Varsovia.
    Wolfgang-Amadeus Mozart : Symphonie n° 41 en ut majeur dite " Jupiter " KV 551, Concerto pour clavier et orchestre n° 24 en ut mineur KV 491.
    Franz-Josef Haydn : Concerto pour clavier et orchestre n° 11 en ré majeur Hob XVIII/11.

    Ensemble Sinfonia Varsovia
    Piano et direction : Piotr Anderszewski.

     


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