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CRITIQUES DE CONCERTS |
10 octobre 2024 |
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RĂ©cital d'Angelika Kirchschlager Ă Londres.
De l'autre côté de la Manche...
Angelika Kirchschlager est une star internationale. Avant Paris, c'est Londres qu'elle est allée charmer, avec les mêmes complices et le même programme, mais dans un ordre différent. Mais à peu de choses près, nos deux critiques ont le même avis.
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Angelika Kirchschlager est actuellement membre de la troupe du Wiener Staatsoper, un fait suffisament rare de nos jours pour être mentionné. Cette élève de feu-Walter Berry s'est déjà taillée une belle réputation sur les scènes d'opéras dans les rôles travestis tels que le mozartien Chérubino, ou les straussiens Octavian et Compositeur. A Londres, elle avait présenté un premier récital en 1997 au Wigmore Hall, déjà avec Jean-Yves Thibaudet. Elle y avait montré ses belles qualités de musicienne, mais demeurait visiblement une chanteuse d'opéra se frottant au domaine tout autre des Lieder. Cinq années plus tard, qu'en est-il ?
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Tout d'abord et comme d'habitude dans ce type de récital, on se dit qu'un tel concert faisant la part belle à l'intimité aurait certainement gagné à être dans une salle plus petite comme le Wigmore Hall. Mais, popularité et billetterie obligent, c'est la grande salle du Barbican qui accueille les artistes.
Le programme est en soi suffisament inhabituel pour attirer l'attention de l'auditeur le plus blasé. La soirée commence par des mélodies de l'américain Eugène Hartzell, dont le style hésite entre le jazz (l'amusant gently, gently) et la musique d'Alban Berg. Avec les Lieder de Korngold, on entre dans un répertoire plus connu, abordé par de nombreuses chanteuses. Ce n'est que justice : après un oubli d'un demi-siècle, le grand compositeur viennois occupe enfin la place qu'il mérite au répertoire. La viennoise qu'est Kirchshschlager a cette musique dans le sang, et son Korngold le prouve, joyeux et sensuel.
Très attendus, les quatre poèmes mis en musique par Charles Martin Loeffler tinrent leur promesse. Lui aussi quelque peu oublié, grand violoniste et membre du Boston Symphony Orchestra, Loeffler composa de nombreuses oeuvres de musique de chambre. On est bien embarrassé s'agissant de décrire sa nationalité ; né en Alsace de parents allemands, vivant successivement en France, Hongrie, Ukraine, Suisse et finalement aux Etats-Unis, il écrit une musique indubitablement française par le style. Nous sommes bien au pays de Fauré et Chausson avec, par exemple, cette cloche fêlée de Baudelaire. Globalement, voix et alto se fondent habilement en une grande beauté sonore, renforcée en outre par un choix de poésie extrèmement recherché (ici, Baudelaire et Verlaine). Kirchschlager chante un français de qualité, avec cependant quelques menues erreurs sur les voyelles. Une fois de plus l'intimité du Wigmore hall aurait pu magnifier ces divines mélodies.
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Abordant ensuite un répertoire plus traditionnel, Kirchschlager chante trois des plus célèbres Lieder de Schubert sur des poèmes de Goethe. Les deux Suleika manquent un peu d'esprit et surtout de charge émotionelle, la mezzo retrouvant ce qu'il faut de dramatisme dans Gretchen am Spinnrade. Moins connu, Delphine complète cette “schubertiade”, apportant la touche nécessaire d'élégance et de charme vocal. La soirée se termine en beauté avec deux lieders de Brahms faisant appelà nouveau l'alto et le pianiste, la touchante berceuse Geistliches Wiegenlied, nous envoyant directement au pays des songes.
Sortant de leur rôle certes capital d'accompagnateur, le pianiste et l'altiste nous offrent une fort belle sonate de Schubert écrite pour arpeggione et piano, dans un arrangement pour alto tout à fait apte à mettre en valeur le talent extraordinaire de Yuri Bashmet, tout de délicatesse et de beauté sonore. Le piano de Thibaudet n'est pas en reste, ineffable de toucher et éblouissant de couleurs.
Lire aussi l'avis de Juliette Buch.
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Barbican Hall, London Le 21/01/2002 Christine Leteux |
| RĂ©cital d'Angelika Kirchschlager Ă Londres. | Angelika Kirchschlager, mezzo-soprano
Yuri Bashmet, alto
Jean-Yves Thibaudet, piano
Johannes Brahms : Zwei Gesange, Opus 91 (Gesstille Sehnsucht - Geistliches Wiegenlied) pour voix, alto & piano
Franz Schubert : Suleika I – Suleika II - Gretchen am Spinnrade – Delphine
Charles-Martin Loeffler : Quatre poèmes, opus 5 (La cloche fëlée - Dansons la gigue – Le son du cor – Sérénade pour voix, alto & piano
Franz Schubert : Sonate Arpeggione, D 821 pour alto & piano
Erich Korngold : Cinq lieder opus 38 (Gluckwunsch - Der Kranke - Alt-spanisch - Alt-englisch -My mistress'eyes) pour voix & piano
Eugene Hartzell : When you have found the place - Clip - Nightmare I - Nightmare II - Gently, gently
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