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CRITIQUES DE CONCERTS |
11 décembre 2024 |
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Pelléas et Mélisande au Teatro Comunale de Bologne
Un Pelléas limpide et luminescent
Le metteur en scène semble avoir décidément une affinité particulière avec le monde de Debussy. Sa mise en scène de Pelléas avait déjà pu être admirée à Lille et à Turin. la voici à Bologne, où elle fait preuve une fois encore de sa cohérence.
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Teatro Comunale, Bologne
Le 15/02/2000
Francesco Maria COLOMBO
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Pier'Alli conçoit Pelléas dans le plus exquis des esprits décadents, comme un rêve émanant de l'orchestre : les personnages flottent dans une émulsion indistincte de teintes d'ambre et de bronze. Plus que leur individualité, on perçoit leur destin d'êtres inconscients et passifs, perdus dans une forêt de symboles et de présences mystérieuses dont, comme le dit Golaud au premier vers de l'¦uvre, on ne peut plus sortir. Même le Moyen ge merveilleux de ce chef-d'¦uvre est réduit à une ébauche (les ogives et les boiseries des salles du château d'Allemonde), tandis que l'élément mythologico-onirique prend le dessus. L'ensemble présente une admirable unité de dessein, même si l'on peut craindre que l'écriture de Debussy, avec ses transparences de cristal et sa silhouette argentine, ne soit "suffoquée" sous les gazes, les voiles, les atmosphères lourdes de teintes sombres. Par moments (la scène de la fontaine, la scène de la tour), Pelléas atteint un degré de luminescence pure et limpide qui semblait a priori inconcevable avec les choix de Pier'Alli. Vladimir Jurowski dirige avec une stupéfiante sûreté un ensemble bolonais de qualité. La précision et la tenue prenant le pas sur la recherche poétique, on pouvait sentir dans l'orchestre une très légère froideur, mais le contrôle était d'autant plus solide et exaltait paradoxalement le "flou" debussyste ; et il faut beaucoup de précision pour rendre ce flou-là .
Parmi la distribution, Anne-Sophie Schmidt était une Mélisande d'une grande douceur, à l'érotisme insinuant, capable de faire varier son expression à tout instant sans dessiner l'habituelle "petite poupée" à laquelle est souvent réduit le personnage. William Joyner, en dépit d'un timbre guère plaisant, donnait à apprécier un Pelléas jeune, stupéfait, innocent. Lucio Gallo offrait à Golaud un relief dramatique explicite, et son interprétation fut l'une des plus matures entendues jusqu'ici.
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Teatro Comunale, Bologne Le 15/02/2000 Francesco Maria COLOMBO |
| Pelléas et Mélisande au Teatro Comunale de Bologne | Direction : Vladimir Jurowski
Mise en scène, décors, costumes : Pier'Alli
Avec Anne-Sophie Schmidt (Mélisande), William Joyner (Pelléas), Lucio Gallo (Golaud), Nicolaï Ghiaurov (Arkel), Marina Domashenko (le petit Yniold), Debora Beronesi (Geneviève). | |
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