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CRITIQUES DE CONCERTS |
07 octobre 2024 |
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Récital du pianiste Daniel Barenboïm dans la Série " Piano quatre étoiles " au Châtelet.
Pianiste V.I.P.
Personne n'oserait prétendre que Daniel Barenboïm cultive l'art de se faire attendre, et pourtant, attendu il l'était ce soir-là , après une absence au récital visiblement trop longue. Grande salle au Châtelet qui affichait complet : ministres en représentation, personnalités en vue de la société civile, et public plus que motivé aux galeries.
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Barenboïm entre en scène, ouvre les bras avec le geste large du chef invitant l'orchestre à se lever (pour un peu la salle lui ferait une " standing ovation ", mais elle viendra plus tard), et tranquillement il s'installe au piano, souriant, aimable, détendu. La technique est là , l'outil est intact, mais il en fait le tour depuis longtemps. Son propos est moins d'épater que de convaincre par un discours très personnel, hors de toute attente convenue. C'est moins une vision qu'une fascination sans fin pour la musique, déroutante parfois, captivante toujours.
Dans son jeu, rien ne semble avoir été fixé une fois pour toutes et reproduit comme tel de concert en concert. L'interprétation reste ouverte à l'intuition de l'instant, à la découverte gourmande du texte musical. Et l'on assiste au travail d'un architecte-styliste-décorateur, qui élabore son projet, le structure, le retouche, qui s'enflamme et se calme juste le temps de le contempler. Il est vrai que l'on s'égare un peu dans la Pastorale, plus mozartienne que franchement romantique, avec un premier mouvement déconcertant de lenteur, comme hésitant à s'engager dans un parcours, mais qu'il dévoile soudain, sans aucun pathos, le tenant de bout en bout dans l'atmosphère poétique ou élégamment animée d'un paysage joyeusement bucolique.
Avec la Sonate en la majeur, op.101, une autre énergie entre en jeu, superbement canalisée, qui rend transparente l'ambitieuse architecture de l'oeuvre, mesure les tensions, et exprime la désolation de l'Adagio sans céder à un excès d'effusion. Le sentiment de maîtrise et de liberté qu'il donne fait penser encore une fois que le piano est bien la source inépuisable de son univers musical. Et c'est dans cet univers-là qu'il puise les rythmes et les couleurs d'Iberia, mais en leur imposant une pulsation inhabituelle. Son Espagne est plus nonchalante que tourbillonnante, plus rêveuse que langoureuse. Dans la fièvre et l'éclat de la danse populaire, elle garde la noblesse d'une fière Sévillane en somptueuse parure de fête. Qui lui reprochera qu'après tant de musique, il n'ait pas concédé le moindre bis ? Pas moi.
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Théatre du Châtelet, Paris Le 25/02/2002 Françoise MALETTRA |
| Récital du pianiste Daniel Barenboïm dans la Série " Piano quatre étoiles " au Châtelet. | Beethoven : Sonate pour piano n° 15, Op.28, en ré majeur, " Pastorale " (1801), Sonate pour piano n° 28, Op.101, en la majeur (1816)
Isaac Albeniz : Iberia (1e livre : Evocation, El Puerto, El Corpus (Christi) en Sevilla – 2e Livre : Rondena, Almeria, Triana) | |
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