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CRITIQUES DE CONCERTS |
11 décembre 2024 |
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Sigiswald Kuijken et la Petite Bande dans des oeuvres d'Heinrich SchĂĽtz Ă Saint-Roch
Kuijken fait pénitence
© Eric Sebbag
Ce concert aurait pu s'intituler « Musique pour le vendredi saint ». Le 12 mars dernier, Sigiswald Kuijken et sa Petite Bande donnaient à Saint-Roch un très austère programme bâti autour de la Passion selon saint Jean et des Sept paroles de Jésus-Christ en Croix d'Heinrich Schütz. On ne pouvait faire moins frivole, d'autant que l'interprétation se montra très rêche.
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Dans l'oeuvre sans fioritures du très luthérien Schütz, la Passion selon Saint-Jean est une oeuvre tardive et d'un ascétisme rare. Pourtant, comment ne pas être fasciné devant un tel dépouillement, qui parvient quasiment à masquer la science musicale du compositeur ?
La soirée commence par un récit de la Cène, oeuvre distincte de la Passion proprement dite. Après quoi les instruments se retirent pour ne laisser la place qu'au choeur et à un soliste, l'Evangéliste. Ce dernier récite le texte allemand de la Passion. Tout le génie de Schütz réside dans l'extraordinaire expressivité de ces phrases syllabiques, à mi-chemin entre le plain-chant hérité du Moyen Age et le récitatif tel qu'on l'entendra dans les oeuvres de Buxtehude puis de Bach. Le choeur ponctue le déroulement de l'action de quelques interventions aussi brèves que saisissantes. L'interprétation de Kuijken et de ses musiciens s'en tient strictement à la lettre : grave, minimaliste, sans le moindre artifice. A tel point qu'au bout de quelques minutes, on en vient à se demander si cela ne pèche pas par excès de sérieux. On a l'impression de passer à côté de l'âpre beauté de cette Passion. Voilà qui est plus triste que poignant, plus morne que pathétique.
Après l'entracte, sans quitter les thèmes du sacrifice innocent de Jésus et du rachat des péchés de l'homme, on revient à un style musical un peu plus italianisant, grâce à deux pièces tirées l'une des Kleine geistlichen Konzerte, l'autre des Cantiones Sacrae. On pardonnera quelques étranglements de voix à un alto visiblement enrhumé. Bien plus agaçant est le manque total d'expressivité de ce choeur : à croire que les chanteurs n'ont pas toujours conscience du sens des textes mis en musique par Schütz.
Dans les Sept paroles de Jésus-Christ en Croix, les trombones sont d'une justesse douteuse et la mise en place approximative. On osait espérer que l'interprétations de Kuijken serait au-dessus de ces faiblesses. Malheureusement, on reste là encore sur sa faim, tant tout cela est insipide, inconsistant. On l'aura compris, ce soir-là , le plaisir n'était pas à l'ordre du jour. Mais pour faire pénitence, le concert était parfait.
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Eglise Saint-Roch, Paris Le 12/03/2002 Christelle CAZAUX |
| Sigiswald Kuijken et la Petite Bande dans des oeuvres d'Heinrich SchĂĽtz Ă Saint-Roch | Heinrich SchĂĽtz
Die Worte der Einsetzung des heiligen Abendmals SWV 423
Johannes Passion SWV 481
Siehe, mein FĂĽrsprecher SWV 304
Quid commisisti, o dulcissime puer SWV 56-60
Die sieben Worte Jesu Christi am Kreuz SWV 478 | |
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