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CRITIQUES DE CONCERTS |
13 octobre 2024 |
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Reprise des Trois Soeurs de Peter Eötvös à l'Opéra de Lyon.
Entre frères et soeurs
C'est un fait rare pour un opéra contemporain, 4 ans après sa création, les Trois Soeurs d'Eötvös d'après la pièce de Tchekov a déjà été joué dans 13 villes d'Europe. En ce moment, l'oeuvre est redonnée à Lyon, l'endroit même où elle fut créée en 1998.
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Le titre est trompeur, il n'y a pas de femme sur scène
Les trois soeurs sont incarnées par des hommes ; haute-contre et sopraniste. L'opéra avait habitué à d'autres coutumes : Chérubin, Yniold et Siebel, sont des personnages masculins incarnés par des femmes.
Dans l'oeuvre d'Eötvös, c'est le contraire. Le résultat surprend, convainc parfois (avec Gary Boyce est feminin, troublant, et démoniaque à la fois), agace souvent (Olga, Macha et Irina paraissent empruntées et précieuses à l'extrême). La mise en scène déplace géographiquement l'action, ni samovars, ni salon à la russe, ici tous évoluent dans un environnement japonisant. Les trois soeurs sont habillées de longs kimonos blancs, les hommes de la garnison ont des costumes stricts d'inspiration militaire. Les décors sont simples et élégants à la fois, la scène est occupée par 3 immenses panneaux de toile tendue, éclairés avec raffinement.
La mise en scène accentue l'immobilisme général de l'oeuvre et n'aide pas beaucoup à la compréhension de l'histoire. D'ailleurs mieux vaut connaître son Tchekov sur le bout des doigts avant d'aller voir ce spectacle. Les librettistes ont refondu l'oeuvre, bouleversé l'ordre des actes, difficile de s'y retrouver !
Mais le compositeur a prévenu : « Dépourvue d'action, la pièce se déroule sans fin, emplie du bavardage perpétuel de personnages banals. »
Mais ce qui est beau et possible au théâtre ne l'est pas à l'opéra, où il est nécessaire de concentrer le texte sur l'essentiel, pour laisser la place à la musique ». La partition est complexe : vocalement, le parlando alterne avec des phrases très lyriques en solo, duo et ensembles. Il faut de belles et grandes voix pour tenir ces parties ; c'est le cas ici.
La partie instrumentale est atypique avec deux orchestres : un ensemble orchestral de 18 instrumentistes dans la fosse (harmonie, cordes, percussions, accordéon et piano électrique), un orchestre de 50 musiciens en fond de scène.
La direction musicale est donc à deux baguettes. L'opéra de Lyon a fait appel à deux très jeunes chefs proches du compositeur : Kwamé Ryan (dans la fosse) et Jonathan Stockhammer (en fond de scène). Ils ont été respectivement élèves et assistants du compositeur.
Celui-ci a confié les moments plus intimes de l'oeuvre à l'orchestre de chambre, la seconde formation entretient un climat sonore somptueux et diffus. L'intérêt majeur de la soirée est donc plus musical que dramatique. Pour se faire une idée de cette partition aux carrefour des styles de la création contemporaine, il existe un CD qui a été réalisé dans la foulée de la création en 1998.
Lire aussi la critique de la création parisienne
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Opéra national, Lyon Le 01/05/2002 Olivier DENOYELLE |
| Reprise des Trois Soeurs de Peter Eötvös à l'Opéra de Lyon. | Opéra en trois séquences de Peter Eötvös d'après Les Trois Soeurs d'Anton Tchekov,
Livret de Claus H Henneberg et Peter Eötvös
Traduit du russe par Krzysztof Wiernicki
Créé le 13 mars 1998 à l'Opéra national de Lyon.
Direction musicale : Kwamé Ryan (ensemble de fosse)
Jonathan Stockhammer (orchestre de fond de scène)
Mise en scène, scénographie, lumières : Ushio Amagatsu
DĂ©cors et peintures : Natsuyuki Nakanishi
Costumes et maquillages : Sayoko Yamaguchi
Avec : Alain Aubin (Olga), Lawrence Zazzo (Macha), Oleg Riabets (Irina), Gary Boyce (Natacha), Albert Schagidullin (Andrei), Nikita Storojev (Koulyguine), Olivier Lallouette (Touzenbach), Riccardo Lombardi (Verchinine), Peter Hall (Tcheboutykine), Peter Fried (Soliony), Terence Mierau (Fedotik), Alexei Grigorev (Rodé), Jan Alofs (Anfissa).
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