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CRITIQUES DE CONCERTS |
04 octobre 2024 |
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Inaugration de la saison de l'Orchestre de Paris au Théâtre Mogador, Paris.
Mogador fait son show
Christoph Eschenbach (© Eric Sebbag)
Annoncée en fanfare dans toute la presse, la journée d'inauguration au Théâtre Mogador, voulue par l'Orchestre de Paris sous la conduite décidée de son directeur, Christoph Eschenbach, a été un succès public. Succès acoustique aussi, tant les travaux ont semblé régler certaines des difficultés tant redoutées par les mélomanes.
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l8 Septembre 2002 : Jour de fête au Théâtre Mogador, en prélude à quatre journées de musique ininterrompue pour l'inauguration des trois ans de résidence de l'Orchestre de Paris dans le temple de l'opérette. On s'apprête à essuyer les plâtres dans la bonne humeur, au coeur d'une opération séduction tous azimuts qui déjà annonce la politique ambitieuse de Georges-François Hirsch et de son équipe : « Donner à voir et à entendre » en soignant les éclairages et en théâtralisant l'espace du concert, multiplier les rencontres avec le public, mettre en place toute une série d'actions pédagogiques en direction du jeune public, et – là est l'essentiel me semble-t-il – étendre le répertoire de l'orchestre à la musique baroque et à la création contemporaine. Le lancement était prometteur. 11h30-l8h30 : entrée libre pour sept heures de piano non-stop, avec 14 pianistes invités (génération golden boys and girls) se partageant trois instruments, chacun désigné aux différentes pièces choisies qui allaient de Haydn à Schoenberg en passant par les grands romantiques. Une sorte de « folle après-midi », en forme d'exposition des couleurs sonores du piano, et un test astucieux pour tester l'acoustique de la salle, dont on peut prévoir qu'elle sera un lieu privilégié pour la musique de chambre. 20h3O : baptême du feu pour l'orchestre, avec en « guest-star » l'Intercontemporain, dans un programme aussi consistant que délibérément « éclaté », et qui faisait la part belle aux jeunes solistes. En lever de rideau, le flûtiste Vincent Lucas nous sauvait à lui seul de l'ennui distillé par le peu engageante Ballade de Frank Martin. Quant à la Symphonie n°72, pour quatre cors concertants de Haydn, elle prouvait qu'il y avait encore quelques ajustements à faire en matière de style
Mais il faut donner du temps au temps. Changement de chef : Pierre Boulez fait son entrée, escorté des musiciens de l'Ensemble Intercontemporain. Boulez qui est un peu chez lui à l'Orchestre de Paris, en qualité de conseiller musical et de mentor d'un premier forum de réflexion sur « les rapports de la musique et de l'image ». Le Kammerkonzert d'Alban Berg connut ce soir-là une de ses plus belles exécutions, parfaite dans la concertation des instruments et la cohérence de la pensée musicale, avec deux formidables solistes, la violoniste Hoe-Sun Kang et le pianiste Michael Wendeberg. L'Orchestre de Paris reprenait alors tous ses droits dans le Concerto n°1 pour violon de Prokofiev, enlevé par la jeune américaine Julia Fischer avec une énergie à la limite du survoltage, Christoph Eschenbach se réservant de faire émerger généreusement tout le lyrisme qui irrigue la partition. Mais la révélation de la soirée fut indiscutablement le violoncelliste Claudio Bohorquez. A 24 ans, déjà lauréat de trois grands prix internationaux, il a fait preuve dans le premier Concerto pour violoncelle de Chostakovitch d'une maturité et d'une intelligence musicale hors du commun, au point de nous faire presque oublier sa technique de l'instrument, déjà impressionnante en soi. Enfin, un des atouts majeurs de l'Orchestre sera encore une fois l'acoustique de la salle (entièrement « reconstruite » par les ingénieurs de l'IRCAM). Certes toujours perfectible, elle est déjà tellement plus riche qu'à Pleyel. Elle redonne aux groupes instrumentaux leur juste définition, et restaure l'équilibre entre les solistes et l'orchestre. En bref, une mise en orbite réussie pour une nouvelle « Maison de la musique », en attendant la grande salle parisienne promise
du côté de l'est parisien.
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| Le 18/09/2002 Françoise MALETTRA |
| Inaugration de la saison de l'Orchestre de Paris au Théâtre Mogador, Paris. | Orchestre de Paris
Direction : Christoph Eschenbach
FRANK MARTIN : Ballade pour flûte & orchestre
(Soliste Vincent Lucas)
FRANZ JOSEPH HAYDN : Symphonie n°2 en ré majeur, Hob I :72
Ensemble Intercontemporain
Direction : Pierre Boulez
ALBAN BERG : Kammerkonzert, pour piano, violon & 13 instruments Ă vent
Orchestre de Paris
Direction : Christoph Eschenbach
SERGE PROKOFIEV : Concerto n°1 pour violon & orchestre en ré majeur
(Soliste : Julia Fischer)
DIMITRI CHOSTAVOVITCH : Concerto pour violoncelle & orchestre n°1 en mi bémol majeur, Op.107
(Soliste: Claudio Bohorquez)
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