De toute évidence, François-René Duchâble a son public. Fidèle et chaleureux. Un public qui aime un jeu, franc, droit, sans effet. Courbé sur son Steinway, le cheveu mi-long et la barbe soulignant une silhouette longiligne que d'aucuns qualifieraient de romantique, il se lance, en deux concerts, dans l'intégrale des concertos de Ludwig Van Beethoven.

Le projet ne se limite pas, toutefois, à une salle de spectacle, aussi somptueuse soit-elle que l'Opéra Royal de Versailles. D'ici quelques mois, cette intégrale sera éditée en DVD par Ambroisie.

Peut-ĂŞtre eĂ»t-elle Ă©tĂ© mieux accomplie avec une autre formation que l'Ensemble Orchestral de Paris. En ce deuxième soir, alors que les troisième et cinquième concertos sont au programme, on ne peut que remarquer les dĂ©ficiences des vents, et regretter, dans « L'Empereur Â», un dĂ©part hasardeux. John Nelson s'efforce pourtant de ne pas confondre Ă©nergie et agitation, lĂ©gèretĂ© et indiffĂ©rence. On l'a connu mieux inspirĂ© et ses troupes plus en ordre.

Duchâble, lui, force la sympathie par sa sincĂ©ritĂ©, son allant, sa manière d'affronter la musique loyalement, Ă©lĂ©gant mais ne cĂ©dant pas Ă  la coquetterie. Un pianiste de classe royale mais qui n'a pas le soutien qu'il mĂ©rite : ce sont des accidents qui arrivent, mĂŞme Ă  Versailles.