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CRITIQUES DE CONCERTS |
13 octobre 2024 |
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Concert de l'Ensemble Orchestral de Paris sous la direction de John Nelson.
Avantage aux virtuoses
Depuis que John Nelson a pris en main en 1998 le destin de l'Ensemble Orchestral de Paris, celui-ci connaît un élargissement de son répertoire et une régulière montée en puissance, avec une réussite plus manifeste dans le romantisme. Le concert de début décembre en a fourni une nouvelle preuve.
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Ce soir-là , le concert était placé sous le signe du romantisme viennois, à l'exception d'une création du compositeur américain George Arasimovicz, Glimmers in the Dark Glass, remplacée au dernier moment par la Symphonie n° 29 de Mozart. On ignore ce que l'on perd, mais on sait ce que l'on gagne.
D'ailleurs, le choix était excellent, qui d'emblée mettait en lumière la qualité des cordes, l'élégance du phrasé, de l'ornementation, et l'équilibre du dialogue avec les vents et les bois. On en venait à Vienne avec Schubert revisité par Liszt, puis Liszt et Schubert en personne.
Si la transcription de la Wanderer Fantaisie du second par le premier ne doit qu'aux pratiques de l'époque (il s'agissait de donner une plus large diffusion aux oeuvres), son passage à la postérité reste contestable.
Le piano, déjà orchestral en soi, a du mal à s'y faire entendre, à donner un sens aux réminiscences des lieder qui la parcourent, au rythme obsédant de La Jeune fille et la mort, ou aux variations du thème du Voyageur dans l'adagio central.
Le pianiste américain Alan Gampel, dont c'était la première apparition importante à Paris, n'est pas en cause. Dans une pièce techniquement aussi redoutable, il ne lui restait qu'à faire oeuvre de virtuose. Et quel virtuose ! Son exécution de Malédiction, composée par un Liszt de 20 ans livré à sa seule et diabolique imagination, fut proprement phénoménale.
Moscheles, qui savait de quoi il parlait, y voyait à juste titre des " beautés chaotiques ", tant l'oeuvre se présente comme un curieux terrain d'expériences en tous genres, musicales et surtout techniques. Après une telle performance, on aimerait retrouver très vite Alan Gampel dans un récital qui lui permettrait d'exprimer une nature de musicien singulièrement bridée par un tel exercice.
Le concert s'acheva avec le retour de Schubert revint, lui aussi âgé de 20 ans lorsqu'il écrivit sa Quatrième symphonie. Mais si la fraîcheur et la fougue qui l'animent sont celles d'un adolescent génial, la construction en est si savante, entre héritage classique et séductions romantiques, qu'elle en fait légitimement une des pages les plus célèbres du répertoire.
L'Ensemble Orchestral de Paris en a donné une interprétation vibrante, sans céder au sentiment tragique suggéré par un titre que Schubert lui attribuera d'ailleurs bien plus tard. Avantage donc aux virtuoses, tous confondus.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 03/12/2002 Françoise MALETTRA |
| Concert de l'Ensemble Orchestral de Paris sous la direction de John Nelson. | Soliste : Alan Gampel (piano)
MOZART : Symphonie n° 29 en la majeur (K 201)
SCHUBERT : Wanderer Fantaisie (version pour piano et orchestre de Liszt, d'après l'original pour piano seul de Schubert D.760)
LISZT : Malédiction pour piano et cordes en mi mineur, S.121
SCHUBERT : Symphonie n° 4 en ut mineur " Tragique ", D.417
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