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CRITIQUES DE CONCERTS 27 juillet 2024

Nouvelle production du Macbeth de Sciarrino dans le cadre du Festival d'Automne.

Thérapie tragique

D.R.

Il suffit d'allumer le poste, il y pleut quotidiennement du sang et de la violence. Mais si l'actualité est tragique, la sensibilité finit par s'y émousser. Pour lutter contre ce genre d'indifférence, le compositeur Salvatore Sciarrino propose une relecture du Macbeth de Shakespeare. Une thérapie choc.

 

Théâtre de l'Athénée-Louis Jouvet, Paris
Le 01/12/2002
Françoise MALETTRA
 



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  • En se saisissant de la tragédie de Shakespeare, le sicilien Salvatore Sciarrino avoue sa volonté d'inscrire la figure de Macbeth dans l'insoutenable indifférence, de notre temps devant les crimes perpétrés partout au monde : " trop souvent refoulé, le tragique est indispensable aujourd'hui pour nous tirer de cette indifférence. Nous devons réveiller notre conscience sociale si nous ne voulons pas être asphyxiés. "

    Et de se ranger aux côtés de Shakespeare, qui dénonçait ces cris et ces gémissements que plus personne n'écoute, quand la plus féroce douleur paraît un sentiment commun, en s'expliquant sur le sens du sous-titre " Trois actes sans nom " : Ce sont des actions scélérates, des assassinats si violents que ni la langue, ni le coeur n'osent le dire.

    Si le livret, établi par le compositeur, est une élaboration épurée du texte (avec quelques emprunts à Hegel et à la Bible), il en retient l'essentiel, dans un découpage constitué de scènes ou les événements sont souvent revécus à travers la vision des différents personnages, créant une grille de lecture éclatée, en progression sur plusieurs plans à la fois.

    Dans une scénographie inspirée des dessins en perspective de l'architecte du XVIe siècle De Vries, Macbeth et Lady Macbeth apparaissent et disparaissent comme des insectes monstrueux, pris dans le piège mental de l'ivresse du pouvoir et l'horreur des crimes, escortés par les spectres de leurs victimes qui deviennent celles de " tous les massacres sur lesquels repose l'humanité.

    On voit Mozart et Verdi surgir de leurs tombeaux et s'avancer vers nous, ils sont les pères mis en pièces, souillés, qu'aujourd'hui nous osons, nous devons défier. Et la musique de Sciarrino les cerne, les investit, s'en éloigne et les rejoint, en de courtes figures très stylisées, laissant la parole chuchotée, brisée, affolée, hallucinée, à la limite du silence, comme si la terreur était impossible à proférer vraiment.

    Les voix de six solistes émergent alors des deux groupes répartis entre fosse et arrière scène, comme une immense respiration reprise en écho par les instruments. Le spectacle est d'une beauté glaciale. Achim Freyer fait évoluer les chanteurs avec une extrême lenteur.

    Les corps semblent flotter dans l'espace et enjamber le vide, où restent pétrifiés sur un échiquier sanglant, pour être brusquement escamotés par des trappes latérales. Il faut saluer la présence dramatique de Otto Katzameir (Macbeth) et Annette Stricker (Lady Macbeth), et surtout leur virtuosité vocale, fondée sur des techniques très spéciales de production du son (bruits de langue, harmoniques, souffles, aigus détimbrés), que d'oeuvre en oeuvre Sciarrino ne cesse d'affiner.

    À la tête de l'excellent Ensemble Modern (vocal et instrumental), Johannes Debus participe en grand maître d'oeuvre à la réussite d'un spectacle que nos maisons d'opéra s'honoreraient d'inscrire à leur répertoire, et pas seulement pour sa dimension thérapeutique et idéaliste.




    Théâtre de l'Athénée-Louis Jouvet, Paris
    Le 01/12/2002
    Françoise MALETTRA

    Nouvelle production du Macbeth de Sciarrino dans le cadre du Festival d'Automne.
    Livret et musique de Salvatore Sciarrino (né à Palerme en l947)
    Scénographie et mise en scène d'Achim Freyer
    Otto Katzameir, baryton (Macbeth), Annette Stricker, soprano (Lady Macbeth), Sonia Turchetta, contralto (Un sergent, le fils de Banquo, un sicaire, une sentinelle, le second spectre), Richard Zook, ténor (Banquo, le spectre, un serviteur), Thomas Mehnert, baryton (Duncan, un courtisan, Macduff)
    Ensemble Modern (vocal et instrumental
    Direction : Johannes Debus
    (Création en 1976 au Festival de Schwetzingen)


    (Tournée dans le cadre d'Opéra en Ile-de-France, les 7,9,10 janvier à Cergy, du 15 au 17 janvier à Malakoff, les 20 et 21 janvier à Villeparisis, les 23 et 24 janvier à Fontenay-aux-Roses, les 27 et 28 janvier à Guyancourt, du 30 janvier au ler février à Sénart, les 4 et 5 février à Vitry sur Seine, les 6 et 7 février à Suresnes)

     


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