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CRITIQUES DE CONCERTS |
01 décembre 2024 |
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Concert des jeunes Solistes de l'Académie Mariinsky.
Académie d'amours
Irina Mataeva et Vladimir Moroz.
© Théâtre Mariinsky
À l'initiative du chef Valery Gergiev et de sa soeur Larissa Gergieva, une académie pour les jeunes solistes a été créée au Théâtre Mariinsky (ex-Kirov) en 1998. Plusieurs d'entre eux étaient présentés ce mois-ci à Londres et deux des plus prometteurs seront à Paris en janvier prochain pour Eugène Onéguine.
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Larissa Gergieva est à la fois répétitrice, accompagnatrice et la directrice artistique de l'académie Mariinsky : une vraie femme-orchestre. Elle est probablement également à l'origine du programme de ce récital : un choix de mélodies du XIXe siècle à nos jours.
Le ténor Dmitri Voropaev est le plus jeune des cinq : il a 22 ans. À un âge où la plupart des chanteurs sont encore au conservatoire, ce natif de Baku est déjà un professionnel. Il sait se tenir en scène et sait capturer l'attention du public. Tout juste si on note chez lui une certaine timidité et aussi quelques problèmes pour projeter ses aigus.
La soprano Irina Mataeva a encore plus d'assurance en scène où elle paraît dynamique et spontanée. Elle a déjà chanté plusieurs grands rôles au Mariinsky (Tatiana, Natasha, Zerlina). En plus, elle a le physique de ses personnages, ce qui ne gâte rien. Son timbre de soprano est argentin suggérant l'adolescente Tatiana. Seul son registre aigu est encore un peu vert et légèrement strident.
La Géorgienne Anna Kiknadze est une mezzo-soprano pleine de tempérament et probablement une actrice de premier ordre. À l'écouter dans la chanson gitane de Tchaikovsky, on entend déjà une Carmen se profiler. La voix est sombre avec cette couleur slave inimitable, légèrement caverneuse.
Les deux barytons Vladislav Sumlinsky (26 ans) et Vladimir Moroz (28 ans) sont les deux vraies stars de la soirée. Sumlinsky capture magnifiquement l'humour de Borodine dans Arrogance avec une couleur chaude et un aigu ténorisant.
Quant à Moroz, on est totalement subjugué par cette voix de baryton-basse sensuelle et parfaitement contrôlée. Il bouge très peu, mais le public n'a d'yeux que pour lui. Sa voix est un peu plus grave que celle de Sulimsky, peut-être un futur Boris ?
La seconde partie de ce concert est centrée sur des mélodies russes du XXe siècle et contemporaines. Les jeunes solistes se montrent aussi à l'aise dans cette musique que dans le répertoire classique.
Et en bis, Moroz et Mataeva offrent un charmant duo : La ci darem la mano. Ils incarnent Don Giovanni et Zerlina avec brio et un italien parfait. Le public parisien pourra voir et entendre ces deux chanteurs dans la production d'Eugène Onéguine au Châtelet en janvier.
La soirée se termine par une charmante surprise : le ténor se met au piano et accompagne ses camarades pour une aubade à leur professeur Gergieva : Ia vas lioubliou (je vous aime). Une véritable académie d'amours.
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Wigmore Hall, London Le 11/12/2002 Christine LETEUX |
| Concert des jeunes Solistes de l'Académie Mariinsky. | Irina Mataeva soprano
Anna Kiknadze mezzo-soprano
Dmitri Voropaev ténor
Vladislav Sulimsky baryton
Vladimir Moroz baryton
Larissa Gergieva piano
Du Romantisme Ă nos jours. MĂ©lodies russes de N. Rimsky-Korsakov, P.I. Tchaikovsky, M. Balakirev, S. Rachmaninov, A. Borodin, A. Grechaninov, M. Miakovsky, Y. Shaporin, A. Machavaryani, N. Falbinov, V. Gavrilin, A. Spendiarov, M. Minkov, K. Karaev, A. Varlamov, L. Malashkin, N. Lysenko, A. Gurilev, K. Vilboa.
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