L'Enfance du Christ est une rêverie poético-dramatique plutôt qu'un oratorio sur un texte du compositeur. Trois parties différentes de couleur et de ton, mais que Christoph Eschenbach a présenté comme morcelées, sans parvenir à trouver un vrai fil conducteur, et se contenant dans une réserve qui ôte de leur poids aux instants pathétiques et cantonne dans un prosaïsme gênant les moments où triomphent l'apaisement et la sérénité.

Est-il vraiment aidé par ses chanteurs, aussi musiciens soient-ils que Marie-Ange Todorovitch, Vierge Marie dont le velours vocal n'est pas synonyme de mièvrerie, ou Dietrich Henschel, Joseph dont la sincérité est à toute épreuve ?

Une fois encore se pose la question, dans une oeuvre purement française, d'une distribution non francophone. Malgré leurs louables efforts, Henschel, Nathan Berg, Toby Spence ne peuvent dissimuler leur accent qui, même léger, est un handicap.

Et malheureusement ce problème, que connaissent bien toutes les grandes scènes internationales, ne sera pas réglé demain. Nul doute que cette Enfance du Christ a souffert d'une langue française un peu trop fourchue.