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CRITIQUES DE CONCERTS 29 mars 2024

Récital de la mezzo-soprano Anne Sofie von Otter avec l'ensemble Musica Antiqua Köln dirigé du violon par Reinhard Goebel.


Les grandes eaux
© Eric Sebbag

© Eric Sebbag

Lundi dernier, le Théâtre des Champs-Élysées accueillait les retrouvailles d'Anne-Sofie Von Otter et des Musica Antiqua Köln. En même temps que Pinnock et Gardiner mais avant Minkowski, Von Otter avait glané ses premiers lauriers baroques avec l'ensemble de Cologne. Allaient-ils retrouver ensemble une inspiration de la même eau ?
 

Théâtre des Champs-Élysées, Paris
Le 27/01/2003
Eric SEBBAG
 



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  • Le Monteverdi fluide, voire liquide, et forcément suave (Con ché Soavita) renoue d'entrée avec l'une des réussites de leur collaboration discographique (pour Archiv). " Avec quelle douceur, lèvres parfumées, je vous baise et vous écoute " dit le texte. On ne peut plus éloquent et à propos ; d'ailleurs on y resterait volontiers pendu.

    Après un intermède instrumental emprunté à Cavalli (sans fragrance spéciale), les Musica Antiqua vont déverser le Lamento de Johann Christoph Bach : " je voudrais que les eaux débordent sur ma tête, que mes yeux implorent des fontaines de larmes " sanglote Von Otter.

    Cependant, elle va s'y noyer car une tessiture trop basse l'empêche de s'épancher dans cet air admirablement lamentable qui fit la renommée d'Henri Ledroit et d'autres contre-ténors. Pour atteindre quand même les notes, Von Otter détimbre et sa voix semble faseyer comme une voile qui manque de vent.

    De leur côté, les Köln en perdent la boussole, à partir de là, Reinhardt Goebel sera fâché avec la justesse. Certes, Goebel est une sorte de miraculé de l'archet : il y a une bonne décennie, un accident l'oblige à réapprendre le violon en inversant main gauche et main droite. Aujourd'hui, les séquelles étant estompées, il a repris sa position d'origine, mais le miracle n'est pas encore achevé car il n'a pas encore recouvré tous ses moyens.

    Au demeurant, l'ensemble lui-même a largement renouvelé ses têtes et la cohésion d'antan n'y est plus. Heureusement, la Suédoise attaque la Didon de Purcell, rôle qu'elle avait déjà tenu avec Trevor Pinnock. Sa mort est tellement prenante qu'on la voudrait, comme il se doit, durer une éternité.

    Mais l'enthousiasme d'une spectatrice ne veut pas la laisser mourir en paix et va lui voler son dernier soupir d'un " bravo " aussi tonitruant qu'intempestif. À cet instant, beaucoup d'auditeurs ont dû souhaiter brutalement qu'on rétablisse la peine de mort


    Cessez, cessez donc !

    Nouvel épisode instrumental après l'entracte avec le concerto en la de Michel Mascitti, un compositeur napolitain ayant rallié la France et les Goûts Réunis. À la justesse et la cohésion fragiles, les Köln ajoutent l'incompréhension du style, seule surnage une volonté d'écraser la pulsation comme ils l'ont déjà démontré avec la bande-son du film le Roi danse.

    Encore une fois, et avec quelle pertinence, la mezzo va effacer leurs flottements d'un : " Cessez, cessez donc ". Place au théâtre avec la cantate de Vivaldi. Cette fois, Von Otter dirige les opérations, souffre, se déchire, explose, implore, crie vengeance. Les Köln manquent un départ sur deux mais personne n'en a cure, Von Otter embrase tout et on n'entend plus qu'elle dialoguant avec l'ombre de Marc Minkowski dont on jurerait la patte.

    Trois bis, deux Haendel et un Bach ne seront pas de trop pour refroidir, le dernier étant particulièrement bien choisi. Pris à l'allure d'un menuet vif et sautillant, en totale contradiction du propos " repos béni, félicité de l'âme " susurre Von Otter submergée par les débordements anarchiques des Köln, l'air d'ouverture de la cantate BWV 170 faisait l'effet d'une douche glacée.




    Théâtre des Champs-Élysées, Paris
    Le 27/01/2003
    Eric SEBBAG

    Récital de la mezzo-soprano Anne Sofie von Otter avec l'ensemble Musica Antiqua Köln dirigé du violon par Reinhard Goebel.
    Claudio Monteverdi : "Con che soavita", concertato pour voix et instruments

    Pier Francesco Cavalli : Sonate pour 2 violons, 3 altos, violoncelle et basse continue

    Johann Christoph Bach : "Ach, dass ich Wassers g'nug hätte", lamento pour voix d'alto, violon, 3 altos et basse continue

    Henry Purcell : Chaconne pour violon, alto et basse continue
    "Thy hands Belinda, darkness shades me", "When I am laid in earth", récitatif et aria extraits de Dido and Aeneas

    Michel Mascitti : Concerto en la majeur pour cordes et basse continue

    Antonio Vivaldi : "Cessate omai cessate", cantate pour mezzo-soprano, cordes et basse continue RV 684

     


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