altamusica
 
       aide
















 

 

Pour recevoir notre bulletin régulier,
saisissez votre e-mail :

 
désinscription




CRITIQUES DE CONCERTS 11 octobre 2024

Masterclass de Christa Ludwig à Londres.

Christa montre la voix
© Emi Classical

Christa Ludwig (© Emi Classical)

Les cours d'interprétations sont devenus des spectacles en soi. La semaine passée à Londres, Dietrich Fischer-Dieskau était attendu dans cet exercice, mais une mauvaise grippe priva les sept jeunes chanteurs sélectionnés des conseils du maître. Toutefois avec Christa Ludwig pour le remplacer, on ne perdit nullement au change.
 

Wigmore Hall, London
Le 15/02/2003
Christine LETEUX
 



Les 3 dernières critiques de concert

  • Wozzeck chez Big Brother

  • L’art de célébrer

  • Géométrie de chambre

    [ Tous les concerts ]
     
      (ex: Harnoncourt, Opéra)




  • Le public du Wigmore Hall est au rendez-vous pour cette série exceptionnelle de masterclasses malgré l'heure matinale inhabituelle. La présence annoncée du géant du Lied Dietrich Fischer-Dieskau a attiré une majorité écrasante de barytons pour cette session.

    Dans leur ensemble tous ces jeunes chanteurs ont déjà une technique accomplie et une voix prometteuse. Mais, il leur manque encore cette intelligence du texte et de la musique qui font les grands Liedersänger.

    Avec Christa Ludwig comme professeur, ils vont tous réaliser le chemin qui reste à accomplir. La mezzo-soprano est l'antithèse de la froide et coupante Dame Elisabeth Schwarkopkf. Elle sait ce qu'elle veut, mais, elle communique son savoir avec chaleur, humanité et humour.

    Elle est en cela très proche de l'approche d'un Dietrich Fischer-Dieskau. Dans un anglais, pimenté de français, elle exhorte tous les chanteurs à raffiner leur diction de l'allemand ainsi que leur expression du texte.

    Le premier baryton est un jeune néo-zélandais, Jared Holt qui se lance dans Traum durch die Dämmerung (rêve au crépuscule) avec un beau legato. Christa Ludwig insiste sur le respect de la partition du point de vue du tempo (" trop lent, trop lent ! " répète-t-elle) ainsi que les indications de phrasé.

    Mais, ce qui lui tient particulièrement à coeur c'est l'expression du poème de Bierbaum : l'accentuation des mots et la projection des phrases. Lui prenant la main, elle le conduit à travers les embûches du texte. Le résultat est remarquable.


    Le baryton suédois, Jonas Samuelsson va aussi être malmené gentiment par Christa Ludwig jusqu'à ce qu'il sorte de sa coquille. Il chante un Lied de Schubert, Wehmut, parmi les plus difficile à projeter.

    Malgré une voix imposante avec de belles couleurs, il ne vit pas le personnage. Christa Ludwig l'oblige à réfléchir sur les implications du poème de Von Collin et ses allitérations. Après une demi-heure, il montre ce dont il est capable en apportant l'amertume et la terreur requise. Il est récompensé par une embrassade de son professeur d'un jour.

    L'Autrichien Matthias Haussmann se montre un peu trop aventureux dans son choix de Lied : une chanson italienne de Schubert ! La mezzo allemande lui fait remarquer que ce n'est pas la meilleure musique de Franz Schubert et réclame une autre oeuvre. Le baryton se lance, avec une voix opératique en diable, dans Der Schiffer de Mayrofer. À nouveau, elle souligne la nécessité d'une compréhension du texte au-delà des mots.

    Avec l'anglais Adam Green, on découvre une autre belle voix de baryton sombre dans deux extraits du Liederkreis de Schumann. Christa Ludwig insiste sur la vision et la communication des sentiments par les mots. Voilà, un chanteur également prometteur s'il réussit à briser sa carapace de timidité.

    La soprano anglaise Anna Dennis a une voix de soprano aiguë avec une belle rondeur, inhabituelle pour ce type de tessiture. Elle a choisi intelligemment un Lied de Berg Schilflied (chant du roseau) qui lui convient particulièrement bien vocalement. Le baryton Christian Himmler chante aussi un Lied de Berg avec sensibilité.

    La dernière chanteuse est une mezzo allemande, élève de Fischer-Dieskau au conservatoire de Berlin. Dorothe Ingenfeld chante une oeuvre de Wolf généralement réservé aux chanteurs masculins : le mordant Abschied. Une Lady peut-elle envoyer un coup de pied au derrière d'un critique ? Bien sûr ! surtout, avec les indications humoristiques d'une Christa Ludwig déchaînée, entraînant même la jeune mezzo dans une valse endiablée.

    Pour conclure les trois heures de cours, la mezzo dispense ses derniers conseils : il faut accroître son répertoire rapidement et apprendre de nouvelles oeuvres (" A votre âge, je connaissais déjà 50 Lieder par coeur ! ") mais il faut aussi éviter de devenir une bête à concours. Si elle leur prête encore un peu le sien l'an prochain comme elle l'a promis, on ne saurait douter qu'ils trouvent leur voix.




    Wigmore Hall, London
    Le 15/02/2003
    Christine LETEUX

    Masterclass de Christa Ludwig à Londres.
    Jared Holt/Simon Lepper baryton/piano
    Richard Strauss Traum durch die Dämmerung

    Jonas Samuelsson/Alexis Delgado baryton/piano
    Franz Schubert Wehmut

    Matthias Haussmann/Caroline Jaya-Ratman baryton/piano
    Franz Schubert Il modo di prender moglie, Der Schiffer

    Adam Green/Simon Lepper baryton/piano
    Robert Schumann 2 Lieder extraits de Liederkreis Op.34 (Auf einer Burg, Frühlingsnacht)

    Anna Dennis/John Reid soprano/piano
    Alban Berg 2 Lieder extraits de Sieben frühe Lieder (Nacht, Schilflied)

    Christian Immler/Silvia Fraser baryton/piano
    Alban Berg Warm die Lüfte Op.2 No 4

    Dorothe Ingenfeld/Hendrik Heilmann mezzo-soprano/piano
    Hugo Wolf Abschied

     


      A la une  |  Nous contacter   |  Haut de page  ]
     
    ©   Altamusica.com