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CRITIQUES DE CONCERTS 26 avril 2024

Création de l'opéra Perelà, Uomo di fumo de Pascal Dusapin à l'Opéra de Paris.

Un opéra qui n'est pas que fumée
© Eric Mahoudeau

© Eric Mahoudeau

Parce que deux avis valent mieux qu'un, Gérard Mannoni complète d'une critique également positive la création de Perelà, l'homme de fumée, le dernier opéra de Pascal Dusapin. Il faudra lire les Échos et le Monde pour découvrir respectivement un Michel Parouty sceptique et un Renaud Machart franchement virulent.
 

Opéra Bastille, Paris
Le 24/02/2003
GĂ©rard MANNONI
 



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  • En choisissant le livre d'Aldo Palazzeschi comme sujet de la crĂ©ation que lui commandait l'OpĂ©ra national de Paris, Pascal Dusapin n'a pas choisi la voie de la facilitĂ©. Le livret qu'il en tirĂ© en langue italienne est nĂ©anmoins habilement structurĂ© et il va Ă  l'essentiel de ce conte moral en forme de fable fantastique.

    Autour du personnage symbolique de Perelà, venu de nulle part, une sorte de prophète du présent ou du futur, d'abord transformé involontairement en sauveur ­ il a comme par hasard l'âge du Christ — puis tout aussi involontairement en victime expiatoire, évolue un monde féerique, irréel et animé cependant par les sentiments les plus humains, amour, haine, colère, bêtise, ingratitude.

    Le thème est complexe, très ouvert et peut donner lieu Ă  de multiples interprĂ©tations. Bien Ă©videmment, ce n'est pas l'anecdote en tant que telle qui structure le drame, mais cette dialectique de symboles se dĂ©roulant en dix " chapitres " et en deux parties d'une heure environ chacune.

    La partition orchestrale de Dusapin possède une richesse étonnante de couleurs, de timbres, de contrastes de rythmes et de dynamique. La sensualité sonore qui s'en dégage contraste parfois avec le caractère nettement intellectuel du propos, à moins qu'elle n'en révèle une face plus complémentaire que contradictoire.

    L'écriture vocale laisse toute intelligibilité au texte, sans pour autant renoncer à différencier les timbres et les emplois, de la basse profonde au soprano colorature.



    Charge Ă©motionnelle indirecte

    Bien sûr, cette musique ne possède pas une charge émotionnelle directe à la Verdi, à la Wagner ou même à la Berg, mais, une fois encore, le propos ne s'y prête pas, elle touche par d'autres chemins, plus subtiles, même dans la violence.

    Elle est en tous cas servie ici de manière irréprochable par l'Orchestre nationale de l'Opéra et James Conlon, ainsi que par une distribution totalement adéquate et qui s'investit généreusement dans l'approche visuelle conçue par Peter Mussbach.

    Ce dernier est le tout nouveau directeur du Staatsoper unter den Linden de Berlin et il a déjà signé La petite fille aux allumettes à Garnier, et Arabella au Châtelet. Cet été au Festival d'Aix-en-Provence, on pourra aussi découvrir une Traviata.

    Ici, Mussbach a créé un univers de bande dessinée féerique, certes, mais tout aussi grotesque et cruel. Les images sont saisissantes, les personnages typés de manière forte, voire exacerbée et caricaturale, sans jamais sombrer dans la laideur gratuite.

    Cela tient d'Ubu, de StarTrek ou de Dunes, avec un véritable impact théâtral. Le public, pour une fois ne s'y est pas trompé et a réservé de belles ovations, unanimes, à tous les protagonistes de cette entreprise qui ne vendait décidément pas de fumées.


    À lire également :

    L'avis de Françoise Malettra
    L'avis de Michel Parouty pour les Échos (consultation payante !)
    L'avis de Renaud Machart dans le Monde





    Opéra Bastille, Paris
    Le 24/02/2003
    GĂ©rard MANNONI

    Création de l'opéra Perelà, Uomo di fumo de Pascal Dusapin à l'Opéra de Paris.
    Opéra en dix chapitres
    Livret de Pascal Dusapin, adapté de l'oeuvre d'Aldo Palazzeschi Il Codice di Perela

    Orchestre de l'Opéra National de Paris
    Choeur de chambre Accentus ­ Dir : Laurence Equilbey
    Direction musicale : James Conlon
    Mise en scène : Peter Mussbach
    DĂ©cors : Erich Wonder
    Costumes : Andrea Schmidt-Futterer
    Lumières : Alexander Koppelmann

    Avec John Graham-Hall (Perela), Martine Mahé (Une pauvre vieille), Nora Gubisch (La Marquise Oliva de Bellonda), Gregory Reinhart (Premier garde du Roi, Le Philosophe Pilone), Jaco Huijpen (Le Chambellan, Le Ministre), Scott Wilde (Le Valet, Alloro, Le Président du tribunal), Youngok Shin (La Reine), Chantal Perraud (La fille d'Alloro), Nicolas Courjal (Deuxième garde du Roi, Le Banquier Rodella), Dominique Visse (L'Archevêque), Daniel Gundlach (Le Perroquet), Isabelle Pierre (La jeune fille à la flûte), Paul-Alexandre Dubois (L'aide du Roi), Pierre Corbel (Un homme seul), Benjamin Clee, Caroline Chassany, Valérie Rio (trois femmes), Grégoire Fohet-Diminii, Pïerre Corbel, Paul-Alexandre Dubois (trois hommes)

     


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