|
|
CRITIQUES DE CONCERTS |
12 octobre 2024 |
|
Une production beigeasse comme ses décors. On pourrait résumer ainsi l'effet produit par ce Guillaume Tell tant attendu, puisqu'il n'avait pas été vu à l'Opéra depuis 1932. Dans se version française, naturellement, ni vraiment intégrale ni vraiment massacrée, l'oeuvre a raté son retour à l'affiche pour cause de mise en scène absente, de décoration fade, de direction orchestrale morose et de distribution très moyenne. Décidément , depuis son magnifique Billy Budd, Francesca Zambello alterne le chaud et le froid. Un Turandot ridicule, un Salammbo plutôt réussi, des Dialogues des carmélites minimalistes, La Guerre et la Paix impressionnant, un Boris Godounov très discutable et aujourd'hui un Guillaume Tell sans le moindre intérêt. Pas une idée personnelle, pas une image signifiante, rien que du convenu et du tiède, touchant parfois aux limites de la parodie. Le tout dans des décors couleur de copeaux, ni fonctionnels ni poétiques. Quant aux interventions chorégraphiques réglées par Blanca Li, soyons charitables en les oubliant au plus vite.
| | |
Pauvres chanteurs largués dans ces eaux mortes et chargés de donner un semblant de vérité à des personnages par nature très conventionnels ! Certains y parviennent, comme Thomas Hampson dont la voix n'a toujours rien d'italien et paraît assez terne dans ce répertoire, mais qui communique une vie théâtrale et musicale au rôle titre. Gaëlle Le Roi aussi, parfaitement crédible en petit garçon, confère à Jemmy une importance de premier plan. Un peu gauche car donnant l'impression d'être livré à lui-même, Marcello Giordani est le seul à posséder les moyens que réclame cette musique, même si la justesse a échappé par instants à sa grande belle voix si bien timbrée. Mais que peut faire Arnold face à une Mathilde aussi peu à sa place que Hasmik Papian. Pour ses débuts à l'Opéra de Paris, la soprano arménienne a paru constamment à côté de sa voix, ou plutôt de ses voix, car elle semble en avoir trois, tant son émission manque ici de sûreté et d'homogénéité. Le médium est gris, le grave absent et l'aigu jaillit en revanche comme pour les Norma ou Abigaïlle que cette artiste au demeurant respectable chante partout dans le monde . A l'évidence, la tessiture de Mathilde n'est pas pour elle. Le reste de la distribution était dominé par Nora Gubish, très présente dans la deuxième partie surtout et qui, à peine sortie de Perela, prouve encore la diversité de son talent et de ses possibilités. Tout comme Gregory Reinhart, lui aussi transfuge de Dusapin. On sait bien cependant que même sous distribué , un opéra peut toujours être sauvé quand le chef entraîne tout le monde dans une lecture dynamique adéquate. Bruno Campanella a semblé pétrifié par les mornes images qu'il avait sous les yeux et, passée l'ouverture, sa baguette n'a rien insufflé que de tiède à l'orchestre de l'Opéra dont pourtant les solistes ont été remarquables chaque fois qu'ils ont pu le montrer.
Alors, si c'était pour proposer l'une des soirées d'opéra les plus ennuyeuses de la saison, et si l'on n'était pas certains de rassembler les protagonistes capables de ranimer un ouvrage qu'il faut quand même défendre, était-il raisonnable de réveiller Guillaume Tell ici après un si long sommeil ? On est en droit de penser que non.
| | |
| Le 14/03/2003 GĂ©rard MANNONI |
| Nouvelle production de Guillaume Tell de Rossini à l'Opéra de Paris. | Giacchino Rossini
Guillaume Tell, opéra en 4 actes.
Bruno Campanella (direction musicale)- Francesca Zambello (mise en scène)- Peter Davison (décors)- Marie-Jeanne Lecca (costumes)- Blanca Li (chorégraphie)- Jean Kalman (lumières)
Avec Hasmik Papian (Mathilde)- Gaëlle Le Roi (Jemmy)- Nora Gubisch (Hedwige)- Marcello Giordani (Arnold)- Toby Spence (un pêcheur)- Janez Lotric (Rodolphe)- Thomas Hampson (Guillaume Tell)- Wojtek Smilek (Walter)- Alain Vernhes (Melcthal)- Jeffrey Wells (Gesler)- Gergory Reinhart (Leuthold)- Vincent Menez (un chasseur).
| |
| |
| | |
|