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CRITIQUES DE CONCERTS |
13 octobre 2024 |
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Nomade, spectacle de Robert Carsen avec Ute Lemper, au Théâtre du Châtelet, Paris.
Virtuose et indomptable
Blonde et lisse, un corps superbe rompu à toutes les disciplines de la scène, le timbre envoûtant d'une voix qui se déploie avec une flexibilité confondante dans tous les registres, l'allemande Ute Lemper est une artiste absolument inclassable, une exception que ne confirme aucune règle.
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De la comédie musicale Cabaret, à l'Ange bleu, des Sept Péchés capitaux de Brecht/Weill aux Folksongs de Luciano Berio, Ute Lemper ne cherche pas à construire une carrière : elle joue, elle chante, elle danse, et va là où le texte et la musique lui donnent à vivre des expériences uniques.
Son spectacle, Nomade, lui ressemble si fort qu'il met une nouvelle fois à nu une femme engagée dans toutes les batailles de son temps avec une formidable humanité. Une seule valise pour tout bagage, elle est l'éternelle errante, hongroise, russe, allemande, française, israëlite, américaine, arabe, qui déclare que l'âme ne peut s'installer à travers une seule culture, qu'elle ne doit pas cesser de bouger. Elle est cette femme en souffrance, animée par la rage de vivre ou de survivre, qui passe, succombe, se relève, et repart.
Pour dire les camps de l'horreur, les vies profanées, la solitude de l'émigré, l'amour-tango, l'amour à vendre, elle emprunte à Edith Piaf, à Jacques brel, à Bessie Smith, aux chants traditionnels de tous les pays traversés leurs mots les plus tragiques ou les plus féroces. Indomptable, charmeuse, langoureuse, vamp, prostituée d'Amsterdam ou d'ailleurs, douée d'un humour ravageur, elle fait de chaque chanson un moment de vérité qui atteint le spectateur de plein fouet.
Robert Carsen a créé pour elle une mise en scène à transformation ultra-rapide, des enchaînements dignes d'un parfait illusionniste, et des éclairages qui sculptent chacun de ses mouvements ou figent sa silhouette sur une parole murmurée dans un souffle. Le cercueil de Luis Amstrong qui devient l'estrade où Marilyn Monroe lance son célèbre Happy Birthday, Mister Président, une valise qui s'ouvre sur la vitrine d'un bordel, ou la Balada para mi muerte de Ferrer et Piazzolla, qui fait remonter aux origines du tango, sont de vrais grands moments de théâtre... parmi d'autres.
Les musiciens, en formation Kletzmer/Gipsy, la cernent, de près ou de loin, jusqu'à la dernière image, pour la laisser seule sur le devant de la scène. Et elle disparaît comme elle était venue, dans l'ombre, tout entière dans cette petite phrase : Je caresse le vide, j'en fais mon nid, mais il est incertain.
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Théatre du Châtelet, Paris Le 06/06/2003 Françoise MALETTRA |
| Nomade, spectacle de Robert Carsen avec Ute Lemper, au Théâtre du Châtelet, Paris. | NOMADE
avec Ute Lemper
conception et mise en scène : Robert Carsen
arrangements et orchestration : Henri Agnel
dramaturgie : Ian Burton
scénographie : Radu Borozescu
chorégraphie : Philippe Giraudeau
chorégraphie tangos : Jorge Rodriguez
Henri Agnel : guitare, cistre, luth
Jacques Bolognesi : accordéon, trombone
Jean-Louis Cianci : contrebasse, tuba
RĂ©gis Huby : violon
Bruno Krattli : trompette
Mark Lambert : guitare, clavier
Thomas Ostrowiecki : percussions
Yomguih : clarinette, saxophone
Acteurs/danseurs : Jorge Rodriguey, Mikael Cadiou, Philippe Lafeuille, Frederico Strachan.
Lulugyalo sanco (chanson traditionnelle, en hongrois), Ghosts of Berlin (Ute Lemper, en anglais), Ballade von der Judenhure Marie Sanders (Brecht/Weill, en anglais et en allemand), J'attendrai (Louis Poterat, Nino Tastelli, en français), Svad'ba lesbianok (Dina Vierny, en russe), Padam (Henri Contet, Marguerite Monnot, en français), Don't smoke in Bed (W.Robison, Tom Waits, en anglais), L'Homme à la moto (Jean Dréjac, en français), Lena (Ute Lemper, en anglais), Balada para mi muerte (Horacio Ferrer, Astor Piazzolla, en espagnol, en anglais, en français), Ikh shtey unter a Bokserboym (Z.Telesin, C.Alberstein, en yiddish), Mammada mi centi lire che in America voglio andare (chanson traditionelle, en italien), Ich bin eine arme Verwandte (Georg Kaiser, Kurt Weill, en anglais), I am a Wamp (Schiffer, Spoliansky, en anglais et en allemand), Nobody Knows You When Ou're Down And But (Jimmy Coxn Bessie Smith, en anglais), Amsterdam (Jacques Brel, en français), Nanna's Lied (Brecht/Weill, en allemand), Au suivant (Jacques Brel, en français), Tyomnaya Noch (Agatov, Bogulavsky, en russe), Kanonen Song (Brecht/Weill, en allemand), Der Graben (Kurt Tucholsky, Hanns Eisler, en allemand), Kmo Etz Bar (Chava Alberstein, en hébreu), La Kad Kountou (Ibn Arabi, Amina Alaoui, en arabe). | |
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