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CRITIQUES DE CONCERTS |
10 décembre 2024 |
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Reprise des Indes Galantes à l'Opéra Garnier.
Epices des Indes
Après des Boréades très contestés la saison passé, William Christie et ses Arts Florissants revenaient en ce début de saison pour une reprise des Indes Galantes de Rameau, dans la mise en scène d'Andrei Serban. Un spectacle en forme de mosaïque somptueuse qui répond idéalement à l'incroyable diversité de l'opéra-ballet.
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L'opéra-ballet est par excellence l'art du grand spectacle dix-huitiémiste : de la parfaite coopération entre le metteur en scène Andrei Serban, la chorégraphe Blanca Li, la créatrice de décors et costumes Marina Draghici est née une féerie jubilatoire, largement plébiscitée par un public enthousiaste. La danse s'intègre ici idéalement à l'oeuvre, en évitant les écueils de la laborieuse reconstitution à l'authentique, mais aussi de la modernité hors sujet, comme cela avait pu être le cas pour la chorégraphie étrange des Boréades : raffinement, humour et à -propos en sont les maîtres mots – le ballet des pots de fleurs de la « Fête persane » restera ainsi un morceau d'anthologie.
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De même, la distribution ne joue pas la carte du « star-system », et les acclamations qui accueillent Patricia Petibon au terme du tableau des Sauvages paraissent quelque peu injuste si l'on considère l'extrême homogénéité d'ensemble. Ici, il s'agit avant tout d'un travail d'équipe. Dès le Prologue, l'hilarante apparition de Joao Fernandes en Bellone drag-queen donne le ton de la soirée. Sans compter que la jeune basse issue du « Jardin des voix » des Arts Florissants a une voix superbe de justesse et de profondeur, sa prestation scénique augure d'une suite passablement hystérique. En face de lui, les sopranos Danielle de Niese (Hébé) et Valérie Gabail (l'Amour), à la plastique fort avantageuse, ont fort à faire, mais s'en tirent avec les honneurs. Si l'entrée du Turc généreux paraît théâtralement un peu moins heureuse (quelle idée d'habiller la pauvre Anna Maria Panzarella d'une robe de rallye provincial !), les chanteurs rivalisent d'excellence, avec en particulier le chant superbement stylé tant de Panzarella que de Paul Agnew. Sans tout énumérer, on dira ensuite que Jaël Azzaretti (Phani des Incas du Pérou ) est une belle révélation, que Malin Hartelius dans les Fleurs se révèle aussi fine musicienne qu'à son habitude, et surtout que le quatuor des Sauvages (Christophe Fel, Christoph Strehl, Patricia Petibon et Nicolas Rivenq) se montre, avec un abattage impeccable, à la hauteur des attentes. C'est du reste à la chaconne de la 4e entrée que l'on attend les Indes, et la tradition fut respectée puisque l'air, repris après les saluts, fut une fois encore l'occasion, pour le public du Palais Garnier, d'assister à la célébrissime « danse du chef ». Non, pas le chef indien, le chef d'orchestre
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À l'orchestre – et aux choeurs – justement, il convient de rendre l'hommage le plus vif : entraînés à la perfection, idéalement dirigés, ces musiciens livrent une interprétation impeccablement huilée, cohérente de bout en bout, en un mot inspirée. Tout au plus peut-on souhaiter une meilleure mise en relief des pupitres (Rameau n'est-il pas un magicien de l'orchestre ?), ainsi qu'une articulation plus tranchante dans les passages où la bizarrerie de Rameau se donne libre court.
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Palais Garnier, Paris Le 13/09/2003 Anne-BĂ©atrice Muller |
| Reprise des Indes Galantes à l'Opéra Garnier. | Les Indes Galantes
Opéra-ballet de Jean Philippe Rameau
Orchestre et Choeurs des Arts Florissants
Direction musicale : William Christie
Mise en scène : Andrei Serban
DĂ©cors et costumes : Marina Draghici
Lumières : Robert Wierzel
Chorégraphie : Blanca Li
Avec Danielle de Niese, João Fernandes, Valérie Gabail, Nicolas Cavallier, Anna-Maria Panzarella, Paul Agnew, Nathan Berg, Jaël Azzaretti, François Piolino, Richard Croft, Gaëlle Le Roi, Malin Hartelius, Christophe Fel, Christoph Strehl, Patricia Petibon, Nicolas Rivenq. | |
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