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CRITIQUES DE CONCERTS |
09 décembre 2024 |
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Nouvelle production de La Flûte enchantée au Théâtre du Capitole, Toulouse.
Un vrai bonheur !
Toute mise en scène de La Flûte enchantée est un défi. Il y a tant d'options possibles dans l'approche de cette partition qu'il faut un grand talent d'homme de théâtre pour satisfaire aux exigences de l'oeuvre et à celles du public. Mission accomplie pour Nicolas Joel et son équipe avec cette nouvelle production qui a triomphé à la Halle aux Grains, puisque le Capitole lui-même est en travaux cette saison.
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Un décor original, esthétique et fonctionnel, un ensemble de chanteurs parfaitement homogène et d'excellent niveau, des costumes poétiques et amusants, des idées de mise en scène fusant en permanence, une direction musicale d'une sûreté absolue, la recette est à la fois très simple et très compliquée. Elle était ici bien appliquée et a fait une fois de plus ses preuves.
Car habiter la Halle aux Grains de Toulouse n'est pas facile. Emmanuelle Favre a conçu un vaste escalier de bois en forme d'ellipse qui se perd vers le haut de cette étrange voûte et qui repose sur les cercles eux-mêmes en ellipse d'un plateau tournant dans les profondeurs duquel se loge l'orchestre. La simplicité du bois, la rigueur des formes, les multiples possibilités offertes par tous ces niveaux de déplacement sont une solution idéale pour rendre le lieu vivant et satisfaire tous les spectateurs eux-mêmes entourant l'aire centrale.
Et Nicolas Joel s'est bien amusé à faire courir ses chanteurs autour, dessus ou dessous ces cercles infernaux, à les faire apparaître et disparaître par toutes les issues possibles, les mettant du même coup au contact quasi direct du public. Rien d'artificiel dans cette cavalcade, mais la vie même des personnages et de l'histoire, de cette mouvance, de cette quête qui sont au coeur de l'oeuvre.
Que d'astuces !
Les jolis costumes tous blancs dans un style de conte de fée orientalisant ajoutaient encore la réussite esthétique de l'ensemble, tout comme l'apparition des animaux descendant des cintres le long de cordes, idée belle et inattendue. Il faudrait encore citer parmi les astuces de la mise en scène dans le vrai esprit Singspiel, l'arrivée de Papageno à skis, les trois petits génies arrivant, eux, à bicyclette, ce beau dragon blanc au gros yeux rouges du premier acte, mille autres situations subtilement amusantes, le tout sur un fond de vrai travail des personnages et de leur dimension humaine et mythique.
Evitons de passer en revue tous les rôles, excellemment tenus à tous égards et mentionnons seulement la très juvénile Pamina de Madeline Bender qui a vraiment l'air d'avoir seize ans, l'hyper tonique et néanmoins poétique Papageno sioux de Markus Werba et l'aisance impressionnante d'Ingrid Kaiserfeld dans une Reine de la nuit jouée avec autant d'énergie qu'elle était chantée. Et puis, bien sûr, impossible de ne pas être ému par la présence en Sarastro du grand Hans Sotin, au crépuscule d'une carrière de légende qui lui laisse encore une émission vocale parfaite et une musicalité sans pareille.
Claus Peter Flor a su animer cette complexe machinerie théâtrale et musicale avec une rigueur très classique, tenant en main solistes et orchestre sans broncher, même en pleine giration ! Une vraie soirée de bonheur qui est une leçon pour tant de spectacles où prime le n'importe quoi avec l'illusion de faire nouveau et mode. Mieux vaut, comme ici, être simplement intelligent, ce qui n'est pas donné à tout le monde, c'est vrai !
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Théâtre du Capitole, Toulouse Le 03/10/2003 Gérard MANNONI |
| Nouvelle production de La Flûte enchantée au Théâtre du Capitole, Toulouse. | Wolfgang Amadeus (1756-1791)
La Flûte enchantée, Singspiel en deux actes
Livret d'Emanuel Schikaneder
Choeurs et Orchestre du Capitole de Toulouse
direction musicale : Claus Peter Flor
mise en scène : Nicolas Joel
décors : Emmanuelle Favre
costumes : Gérard Audier
éclairages : Vinicio Cheli
Avec :
Hans Sotin (Sarastro), Jorma Silvasti (Tamino), Markus Werba (Papageno), Jean-Pierre Lautré (Monostatos), Robert Bork (Der Sprecher), Hector Guedes (premier prêtre), Martin Mühle (second prêtre), Thorsten Schnarke (premier homme en armes), Michael Vier (second homme en armes), Ingrid Kaiserfeld (la Reine de la Nuit), Madeline Bender (Pamina), Anne-Catherine Gllet (Papagena), Cellia Costea (Première Dame), Karine Deshayes (Deuxième Dame), Qin Lon Zhang (Troisième Dame). | |
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