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CRITIQUES DE CONCERTS |
11 octobre 2024 |
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Récital du violoniste Gil Shaham accompagné au piano par Akira Eguchi au Théâtre de la Ville, Paris.
Beauté divine
Gil Shaham
C'est à un programme très éclectique partagé entre Copland, Bach et Fauré que nous conviait le violoniste Gil Shaham, accompagné au piano par Akira Eguchi au Théâtre de la Ville samedi dernier. Un récital d'une beauté absolue, construit avec la foi des bâtisseurs de cathédrales.
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Quand celui qui en joue touche à la perfection, le violon a vraiment quelque chose de divin. Gil Shaham, l'un des fleurons de la nouvelle génération de violonistes internationaux est pourtant le contraire de la grande bête de concert. Ancien enfant prodige, pur produit de la Juilliard School, il incarne la finesse, la musicalité pure, la subtilité, la recherche intelligente d'un phrasé expressif, d'un son parfait.
Aucun effet extérieur, aucune esbrouffe, tout dans la qualité du son et dans le talent musical à l'état naturel. Car il faut un vrai grand talent pour être aussi convaincant avec l'assez académique Sonate de Copland que, quelques minutes plus tard en déroulant une Partita BWV 1004 de Bach couronnée d'une sublime Chaconne. On est ici une fois de plus fasciné par l'art de Bach, seul à savoir allier des structures aussi mathématiques dans un climat d'une pareille sensibilité.
On pense aux bâtisseurs de cathédrales, eux aussi capable d'élever des monuments de pierre aux incommensurables dimensions poétiques et métaphysiques. Et c'est justement la sensibilité si aiguë de Gil Shaham qui lui permet de rendre tous les aspects de cette page illustre entre toutes et que l'on a presque l'impression de découvrir.
Changement total, encore, après l'entracte, avec une deuxième partie vouée à Fauré. Ici, très bien secondé par Akira Eguchi, Gil Shaham peut distiller toute une palette de sonorités translucides ou charnelles, parfaitement à l'aise dans cet univers d'un romantisme tardif extrêmement français par son charme et ses emportements. Il a compris que toute mièvrerie doit être bannie, même dans des pièces comme la Berceuse en ré majeur ou la Fileuse de Pelléas et Mélisande, ou même la si célèbre Sicilienne. Avec des sons pianos incroyables, des tenues d'archet arachnéennes, il sait aussi passer aux plus vigoureux discours de la Première sonate, sans que le style en pâtisse. Deux heures de beauté immaculée !
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Théâtre de la Ville, Paris Le 08/11/2003 Gérard MANNONI |
| Récital du violoniste Gil Shaham accompagné au piano par Akira Eguchi au Théâtre de la Ville, Paris. | Oeuvres pour violon, ou violon et piano de Copland, Fauré et Bach.
Gil Shaham, violon
Akira Eguchi, piano | |
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