Au premier rang de ses disciples, on trouve les deux chorégraphes Chef Walker et Ann Reinking , qui ont réglé, sous la haute surveillance posthume du maître, le « Show Bob Fosse » présenté jusqu'au 8 février au Châtelet : une éblouissante anthologie, en vingt numéros, des plus célèbres chorégraphies conçues pour la scène ou pour l'écran, par un des grands réalisateurs de Broadway et d'Hollywwod.

Et le plateau s'enfièvre, envahi par dix-huit danseurs et huit musiciens, avec en super-star le chanteur-danseur-comédien Ben Vereen, champion toutes catégories des plus hautes récompenses artistiques, dont on sait par ailleurs qu'il a mis sa notoriété au service des plus belles causes humanitaires, en particulier celle des enfants américains défavorisés.

Deux heures de spectacle d'un professionnalisme stupéfiant, mêlant le ballet, le théâtre et la revue, où la vie pulse, étourdissante, avec une élégance et une classe folles. Collants noirs, talons aiguilles, gants blancs et chapeaux melons, les corps se déchaînent, s'articulent et se désarticulent, enchaînant les numéros, s'évanouissant en fond de scène pour réapparaître en vagues bondissantes, pris dans des pièges de lumière qui les sculptent et les fait vibrer à l'infini.

Ils sont claquettistes, mimes, acrobates, mais avant tout danseurs, rompus aux disciplines de fer imposées par Bob Fosse qui chorégraphie toutes les parties du corps, jusqu'au moindre battement de paupières, jusqu'au moindre jeu de doigts. Une « grammaire » unique qui met les corps en mouvement et les fait exister en exploitant la propre morphologie de chacun d'eux. De Sweet Charity à Chicago, de Cabaret à From dancing, les corps exultent, et le public avec eux, quand les jazzmen montent sur scène pour un must : l'époustouflant Sing, Sing, Sing de Benny Goodman.

Chapeau bas, Mister Fosse, et bravo Ă  Messieurs les envahisseurs !